recits et nouvelles
A tous ceux qui passeront par ici, je souhaite d'heureuses fêtes de fin d'année.
En vert, en rouge. En rouge, envers et contre tout.
Et j'offre, sur mon blog cheminderonde.wordpress.com, cette Plume de Noël.
Dans la chambre
La femme en blouse bleue vient d'entrer dans la chambre. Elle a roulé sur le lino son chariot tout rempli d'instruments colorés. Déjà elle "fait" le lavabo du cabinet de toilette.
Pas de temps à perdre, elle est pressée.
Sur son lit, la malade, oh, la malade, elle a beau être là immobile et couchée, la malade, elle sait bien ce que c'est.
L'étage entier à faire, et c'est grand un étage, et sur les épaules qui s'inclinent la blouse bleue se fait de plus en plus lourde, de chambre en chambre toujours plus lourde sur les épaules qui s'inclinent.
Sur son lit la malade, oh, elle a beau être là incapable de remuer, elle comprend. Elle sait bien, elle a connu tout cela.
Mais tout de même, elle aurait pu lui dire bonjour, la femme en blouse bleue qui vient d'entrer dans la chambre. [...]
Suite du récit sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com
La fête sur le talus
Quand ça a commencé ? Je peux pas vous dire exactement.
Au début de l'après-midi, je pense. Après le repas, je m'en suis aperçu, vers une heure et demie-deux heures, quand je suis sorti, avec ma femme, prendre le café sur la terrasse. Il faut dire que c'était un dimanche après-midi superbe, doux et ensoleillé, venté juste ce qu'il fallait. A passer au jardin, sans montre, en sirotant quelque chose, en lézardant au soleil bien tranquille, dans le parfum des lilas. Le premier jour de beau temps en mai, après des mois et des mois de pluie battante et de temps frisquet.
Donc, avec ma femme, on est sortis sur la terrasse, prendre le café, se reposer au soleil.
On a tout de suite entendu.
C'était comme une sono qu'on aurait poussée à fond, mais le son devait venir d'assez loin, parce qu'il nous arrivait par vagues, avec le vent, des bouffées d'une espèce de musique, qui roulaient vers le lotissement, et qui repartaient plus loin, puis qui revenaient encore [...].
Suite du récit sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com
Le cadre
Depuis combien de temps était-il ainsi, de travers, sur le mur d'en face ?
Il devait bien y avoir plusieurs jours. Des mois même. Des années peut-être. Qui pouvait savoir ? Il avait dû glisser, peu à peu, glisser... très lentement, poussé par un déséquilibre infime du mince cordon qui le retenait, et, peu à peu, lentement, très lentement, fléchir, s'incliner... Jusqu'à ce qu'enfin il devienne impossible de ne pas le remarquer. C'est toujours de cette façon que les choses évoluent... se mettent à devenir insupportables... Presque rien tout d'abord, un léger détail, qui, sans qu'on y prenne garde, insensiblement, s'accentue, s'alourdit. Il y faut des jours, des mois et des années, souvent, mais,inéluctablement, cela suit sa pente, jusqu'à ce que ni le regard ni la pensée ne puissent plus s'en détourner. Jusqu'à l'inacceptable.
Oui, c'était ce qui s'était produit, de toute évidence, avec ce... ce... disons ce... tableau... Que représentait-il, au fait ? On aurait dit... hum... un portrait... une sorte de visage... déformé par l'absurde prétention cubiste du peintre [...]
Suite du récit à lire sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com
Le placard
Un courant d'air, probablement. Certainement. Un simple courant d'air. Cela arrive, les courants d'air. Même dans les couloirs sans fenêtre, cela peut arriver... à la faveur de certaines circonstances, certes assez rares, mais tout à fait envisageables, un courant d'air peut se produire à des endroits où le vent ne semble pas devoir s'introduire.
Bref, ce n'était qu'un de ces petits accidents de la vie quotidienne qu'il faut bien accepter. Un accident... tout au plus un incident. Qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques, il est vrai.
Car la porte, brutalement, s'était refermée sur lui [...]
Suite du récit sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com
Piscine
C'était une drôle d'idée, qu'elle avait eue, d'aller à la piscine.
Puisqu'elle ne savait pas nager.
Qu'elle n'y était jamais allée.
Même à l'école, même au collège et au lycée, là-bas, on n'emmenait pas les enfants à la piscine. Trop loin. Trop long. Trop cher.
Il y avait bien eu une piscine, à Urognes, autrefois, une piscine découverte, au bord de la rivière, qu'on utilisait en été. Mais il avait fallu la fermer. Ensuite, les moyens avaient manqué pour en construire une autre. Evidemment. Une aussi petite ville. Excentrée. Et qui s'était tellement dépeuplée, depuis que la SALV avait fermé.
Alors c'était comme ça, maintenant, à Urognes : plus personne n'apprenait à nager. Les enfants allaient jouer en cachette dans les ruines de ciment de l'ancien bassin... ils faisaient semblant de s'envoler du haut du vieux plongeoir [...]
Suite du récit sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com
Croqueville
La neige avait recommencé à tomber.
Tant de flocons légers qui n'avaient l'air de rien, mais qui peu à peu s'entassaient et allaient lentement recouvrir le monde. En faire un autre monde, informe, incolore et glacé, qui finalement, vieilli, sali et résigné, se tasserait en boue.
Humbles flocons un à un obstinés. D'abord si menus, infimes épingles sur la peau, bientôt se pressant accablants et glacés. Comme les ennuis de la vie, les erreurs, les faiblesses, les sottises, les ratages, les échecs... chacun d'eux presque rien pas grand chose, à peine une mince piqûre à la surface de l'espoir, mais s'accumulant obstinés et serrés, et finissant par recouvrir tout ce qu'on avait en soi de couleurs, d'énergie et de joie.
Il avait de plus en plus de peine à avancer [...]
Suite du récit sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com
La brouette - conte de Noël
Le costume le gênait. Pourquoi est-ce qu'on lui imposait ça ?
Un manteau de Père Noël, une barbiche en nylon, et une capuche fourrée, et puis... et puis quoi encore ? Est-ce qu'il était le Père Noël, lui, un simple livreur ? Intérimaire, en plus. Engagé pour la semaine et rien d'autre. Même pas un vrai livreur.
Mais c'était le costume ou le poste, pas moyen de discuter. "Tu livres les paquets pour que les gens les aient à Noël, tu mets le costume et tu la fermes."
Il avait chaud, là-dedans, chaud à n'en plus pouvoir. [...]
Suite du récit à lire sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com
Les figues
La lettre était tombée dans ma boîte un peu avant midi. Le facteur passe tard, dans notre chemin Coquet... une fin de tournée, pour lui, forcément, cette impasse en lisière de ville. Et puis il y voit mal, avec la fatigue il fait facilement des erreurs. Je ne lui en veux pas... ça me donne l'occasion de sonner chez les voisins, de faire ma petite tournée, de bavarder un moment. Ensuite les voisins viennent sonner à leur tour. Et on bavarde encore. On a le temps, chemin Coquet, ce n'est pas comme en ville.
C'était une lettre étrange. Une très belle lettre, si l'on veut, avec son adresse élégamment calligraphiée. Mais si jaunie, si froissée, si usée et fanée qu'elle semblait avoir traversé les années [...]
Suite du récit à lire sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.com
Chapeau
Le trac, elle avait tellement le trac.
Pourtant, devant le miroir, avec ses crèmes et ses crayons, elle avait retrouvé un peu d'assurance.
Car ça, au moins, elle savait... Elle avait été une professionnelle, autrefois... Cela semblait si loin, elle pensait avoir oublié, mais en maniant les pots, les pinceaux et les crayons, tout lui était revenu. Elle n'avait rien perdu de son savoir-faire, finalement.
Quinze ans, quand même, elle avait été dans le métier...[...]
suite du récit à lire sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com