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Correspondance

Publié le par Carole

    — Capitaine Fitau, avait dit le général, j'ai tout lieu de penser qu'il s'est passé quelque chose de suspect, le 24 décembre au soir, peut-être même les jours suivants, dans le secteur de mon 18ème d'infanterie. Certains bataillons, certaines compagnies, peut-être une simple escouade…. quelques soldats égarés, tout à fait isolés, auraient frater…
Mais suffit ! Je ne peux en dire plus. Sachez seulement que j'ai donné ordre d'apporter dans mon bureau tout le courrier du régiment, avant le départ du wagon postal [...]
 
Suite du récit sur mon blog de récit et nouvelles cheminderonde.wordpress.com

Publié dans Récits et nouvelles

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Doux

Publié le par Carole

Doux

Qu'il soit doux, ce Noël, qu'il soit naïf et beau

Qu'il batte d'espérance comme l'aile d'un ange.

Qu'il joue son air de joie sur le petit banjo

À cordes de nuages à plumage d'enfance

Qui fait danser le monde et fait tourner les ombres.

Si les hommes sont fous, s'ils hurlent avec les loups

Qu'il soit bon, ce Noël, qu'il soit bleu dans le sombre,

À l'envers, à l'endroit, qu'il soit doux, qu'il soit doux.

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L'unijambiste

Publié le par Carole

L'unijambiste

.

Unijambiste aussi manchot
Par tous les vents pantin du pauvre
Varapeur fou vaillant grimpeur
 
A la conquête du bonheur
Crâne de bille et vide en tête
Sac à papier comme il s'entête.
 
***
 
Que la chance te soit
Bel escalier de soie
Ou rude noeud de cordes
 
Lutte et va vers le haut
Qu'importe qu'on se gausse
Ou si tu dégringoles
 
Ce sera toi sur la paroi
Qui seras fou qui seras roi
Qui feras mouche et seras l'ange
 
Encordé au destin
Ne va pas croire encore
Que te voilà pendu
 
C'est toujours toi
Qui fais le mur
C'est toujours toi
 
Crois-moi
C'est toujours toi
 
qui grimpes.

Publié dans Fables

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Paravent

Publié le par Carole

Paravent
Que l'ombre d'une fleur
sachant broder le fer
 
pose contre la rouille
son paravent de soie
 
tende son chevalet
comme un poing de beauté
 
vers le fracas de mine
du monde qui s'obstine
 
à changer l'or en mort
 
ce n'est rien qu'un détail
un frisson d'éventail
 
que repliera le vent
mais qui pourrait encore
 
nous sauver du néant.
 

Publié dans Fables

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L'étoile

Publié le par Carole

Jamais vu un 24 décembre pareil. 
Jamais.
De tout l'après-midi, ça n'a pas arrêté.
D'abord...
... il était peut-être trois heures-trois heures et quart...
D'abord... le taxi parisien.
Il a freiné devant mon bar-tabac-dépôt de pain-agence postale. Le chauffeur est descendu, il a cogné au carreau. J'ai ouvert. Un peu. Avec la neige qui tombait, vous comprenez... Si j'avais su, j'aurais ouvert plus grand. Mais avec la neige, et la nuit qui venait déjà [...]
 
Suite du récit sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com

Publié dans Récits et nouvelles

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Le rêve de l'escalier

Publié le par Carole

Le rêve de l'escalier
J'aime beaucoup lire dans les transports en commun. Lire au milieu de la foule, comme si on y était tout seul, ou comme si le livre qu'on lit était une émanation de la foule elle-même, il n'y a rien de plus...
Vous allez dire que j'exa...
Mais, bon, c'est comme ça. J'aime beaucoup lire dans les transports en commun. C'est même sans doute la principale raison pour laquelle je donne presque toujours aux trains, aux tramways et aux bus la préférence sur ma vieille automobile, si fâchée - pauvre bête qui n'a jamais su lire - de rester s'ennuyer à l'écurie.
Donc, j'étais assise tout à l'heure dans un tramway, et je venais d'achever l'avant-dernière nouvelle d'un vieux volume de Buzzati, un petit poche tout jauni que j'avais ressorti de ma bibliothèque tout exprès, parce qu'il me semblait parfaitement convenir à l'ambiance particulière de ces étranges voyages, sinueux, cahoteux, et toujours imprévus, qu'on peut faire en tramway : Le Rêve de l'escalier. 
Le livre était presque fini.
Presque.
Il y a là, toujours, un instant de grâce. Le charme de toutes les pénultièmes. Lorsqu'on aborde les dernières pages, que le monde ouvert par le livre va se clore doucement, avant de se prolonger, imperceptiblement, mais à jamais, dans notre propre existence. 
Je me suis arrêtée de lire, quelques secondes à peine, mais cela a suffi. 
J'ai commencé à rêvasser, puis à rêver. 
Et là, d'un coup, je me suis endormie.
Vraiment endormie. 
Quelques secondes ou quelques minutes, je ne sais pas.
Je me suis réveillée juste à mon arrêt, et je suis sortie précipitamment.
 
Quand je suis arrivée chez moi, j'ai constaté que le livre avait disparu.
J'avais dû le laisser tomber en dormant. Et je m'étais levée si rapidement que je n'avais pas regardé derrière moi.
 
Que va-t-il devenir, sans moi, mon vieux poche fatigué ?
Peut-être le fera-t-on exploser - puisque c'est désormais le sort réservé aux paquets oubliés. Et les pages enflammées s'en iront dans le monde comme des oiseaux frémissants.
Ou alors quelqu'un le trouvera, en lira quelques pages au long d'un autre voyage, et puis l'emportera pour le finir, ou l'abandonnera derrière lui, pour d'autres voyageurs, qui eux-mêmes l'emporteront, de train en avion, tout autour de la terre - toujours plus jeune, toujours plus vivant à mesure que ses pages déchirées se sèmeront partout.
Ou bien ce soir, la personne chargée du ménage s'assiéra quelques instants, commencera à lire, oubliera son balai, sa serpillière et son lumbago, et que le 15 du mois est déjà là, tout rouge et découvert... et elle aussi, soudain, se mettra à rêver.
Ou encore, qui sait, le chauffeur lui-même le ramassera en quittant sa rame au dépôt, il l'ouvrira au hasard, et il restera, un moment, immobile, assis sur l'une des banquettes vertes, heureux d'être enfin conduit où il voulait aller, lui qui tout le jour conduit les autres et ne va nulle part.
 
Je ne  regrette pas, finalement, d'avoir perdu mon petit Buzzati.
C'est lui, je crois bien, c'est lui-même, qui m'a joué ce tour...
Un livre de Buzzati en route dans ce monde, c'est comme un rêve humain qui fraierait son chemin dans l'escalier tourmenté du néant.
Bien sûr, il faudra bien qu'à la fin il retombe, déchiré et sali, épuisé, dans la cendre des heures. Ecrasé sous l'énorme pilon d'indifférence qui triomphe de tout.
Mais d'ici là, que de récits et que de fables, et que de contes encore, glissant, de marche en marche, jusqu'aux pensées qui passent.
 
Peut-être que je devrais en oublier d'autres, finalement, de mes vieux poches. En semer un peu partout. Mon étagère entière de Buzzati. Exprès.

Publié dans Lire et écrire

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Proportions

Publié le par Carole

Proportions
-Nous sommes citoyens du monde ! disait l'un.
-Non, disait l'autre, car chacun est de son village. 
Je n'ai pas pris parti.
Ils avaient tous les deux raison.
 
Pas un village qui ne fasse en un jour le tour de sa planète.
Et pas une planète qui ne rencontre son reflet dans l'oeil doré d'un villageois.
Mais comment faire, pour être de partout en piétinant ici ? Comment marcher en bas et méditer d'en-haut ? Comment rester soi-même, quand la terre est aussi à tant d'autres ? Et comment ne pas craindre les autres, lorsqu'on n'est que soi-même ?
Comment donc les garder, comment les regarder, sous le soleil et par Saturne, les justes proportions qui mettraient en accord tous nos pas ?
 
Il y avait bien un chemin qu'on avait commencé, un chemin escarpé, pour relier au monde chaque petit village, et pour faire de ce monde un unique village. Un chemin difficile, un chemin exigeant, que l'on voulait nommer - cela me revient maintenant  : Humanisme.
Il n'était pas achevé, loin de là, il fallait y travailler toujours, s'y efforcer sans fin, y grimper âprement. Seulement il paraît qu'il fallait s'élever un peu trop, qu'on avait mieux à faire. Si bien qu'on l'a laissé se perdre, le grand chemin d'en haut, dans les vieux marécages des petits arrangements, dans les plaines vaseuses du conformisme lâche. 
Et qu'il s'est enfoncé dans la boue de la peur, sous l'éboulis haineux des vociférations.
 
Mais il doit forcément en rester quelque part une trace, une pierre à l'ébauche, une piste à petits cailloux.
Il est temps de nous mettre en quête.

Publié dans Fables

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Porte close

Publié le par Carole

Porte close
On aura beau attendre
Espérer enrager
Appeler et sonner
Relire les vieux papiers
Qui disaient que jamais
 
C'est à c'est sans espoir
C'est à ne pas y croire
Que le monde a changé
Qu'il est devenu vieux
C'est à ne pas d'histoires
 
On nous les a fermées
Les issues de secours
Et la clé a rouillé
Dans l'herbe barbelée
Mais on appelle encore
 
On sonne et on ressonne
Il n'y a plus personne
On cogne et on appelle
Où donc sont-ils allés
Ceux qui nous ressemblaient
 
On s'écorche la gorge
Et on se tord les ongles
Et on se heurte encore
Aux portes obstinées
Au visage de lèpre
Et de fer
                 du mensonge.

Publié dans Divers

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Les piques

Publié le par Carole

Les piques
Les piques. Tous ceux qui ont abattu leur dernière carte les connaissent. Si souvent elles leur ont fait perdre la tête - et l'espoir du sommeil.
Les piques, ce sont ces vis ou ces pointes de métal dont on orne depuis quelques années - depuis qu'"ils" sont devenus si nombreux, évidemment - les bordures de pierre, les courettes d'immeubles, tous les recoins un peu plats, un peu larges, où pourrait reposer le corps fatigué d'un clochard. Même les bancs publics, mesquinement distribués dans nos villes debout, sont si savamment pensés, aujourd'hui, pour empêcher les corps de glisser et de s'ensommeiller, les obligeant à se tenir droits et raides, qu'on ne pourrait, par exemple, y coucher un blessé, ou y allonger un malade.
Efficientes et modernes, vigiles inoxydables, les piques - dont on use aussi, d'ailleurs, pour faire fuir les pigeons - sont étrangement franches. Elles parlent peu, c'est vrai, mais elles parlent net et pointu. Ecoutez donc plutôt :
"Tiens-toi debout, toi qui t'effondres, n'attends pas de soutien."
"Pourquoi venir sur moi reposer ta détresse ? Il y a pour cela des coins sombres et discrets."
"Va t'en plus loin cuver ta mort. Ici où l'on te voit, ici n'est pas pour toi."
 
Oh, non, non, ce n'est pas seulement aux sans-logis qu'elles s'adressent. N'allez pas croire... non... C'est bien à vous. A vous aussi. 
A vous tous.
A nous tous.
Tous.
 
 

 

 

Publié dans Divers

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Visage de pierre

Publié le par Carole

Visage de pierre
Quand tant de visages sont de pierre, il est bon de savoir que les pierres peuvent avoir des visages.
Et des paupières battantes comme le coeur des fleurs.
 
Quand tant de bornes aveugles obstruent nos chemins d'ombre, il est doux de savoir que les pierres nous regardent. 
Avec leurs yeux humains tout bistrés de lumière.
 
Quand tant de rocs muets s'effondrent sur nos vies, il est temps de savoir ce que murmurent les pierres
au soleil qui le soir
vient leur prendre
un baiser.

Publié dans Fables

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