Gris
Les murs sont gris.
La ville est grise.
Le temps est gris.
La vie est grise.
Les gens sont gris.
Et l'âme est grise.
Le monde est gris.
C'est convenu,
c'est entendu.
Mais les mots,
les mots, au moins,
les mots qui dansent comme atomes dans la poussière des villes, on peut les rouler chaque soir sur la peau de soleil qui revêt les trottoirs, on peut les retremper au frisson pailleté de néon des pluies grasses, on peut les baigner de lumière au pied des réverbères où s'épanchent les chiens
pour en repeindre à l'or fin
de fantaisie
de poésie
les murs la vie
la ville le monde
l'âme et le temps
les réverbères et les chiens dans le soir
la poussière les néons les trottoirs
les gens qui passent sans rien voir
et même le mot
Gris