Espoir !
Il y avait du bruit dans la cuisine.
Quelqu'un cognait au carreau.
Très fort. Et à coups redoublés.
Un malheur ? un voleur ?
C'était un rouge-gorge, entré là puis resté prisonnier, qui s'élançait à la fenêtre, croyant y voir le ciel, et s'assommant avec ardeur.
Mais toujours il recommençait - puisqu'il croyait au ciel.
J'ai ouvert la fenêtre.
Une fois encore le rouge-gorge s'est élancé - vers le grand ciel ! Son vol était parfait, droit et pur, fidèle au coeur intact qui battait sur la vitre le tam-tam résolu de la vie.
Saluant cet élan de l'oiseau, dans la raison et la déraison dans l'angoisse et la joie toujours le même, le même exactement que rien n'avait pu tordre, cet élan fou et pourtant si certain, cet immense élan répété, qui aurait pu le tuer et qui l'avait sauvé,
j'ai fermé la fenêtre.
La nuit tombait déjà.
Sur le carreau il ne restait que cette trace
cette marque emmêlée de détresse et de force
cette empreinte brouillée où glissait une patte
désolée minuscule intrépide et savante
souillure d'une angoisse souvenir d'une foi
une tache un peu grasse à effacer d'un doigt
presque rien rien qu'un mot ce vieux mot dans le noir
qui cherche la lumière et s'écrit quand on crie :
- Espoir !