Quatre notes
Rue de Feltre à Nantes - 8 mars 2012
En remontant cet après-midi la rue de Feltre, j'avais le coeur léger. J'ai vu ces quatre notes ailées.
Vertes comme le mois de mars que célébraient les vitrines, ondulant sous le vent comme des voiles au loin, quatre doubles croches avaient posé soudain, dans le vacarme de la ville, la légère harmonie de leur rythme rapide, quatre petits drapeaux avaient planté, dans le fracas d'une rue commerçante, leur fragile désir de beauté.
Quatre coups de timbales au sacre du printemps.
Quatre coups de baguettes sur le tambour d'un dieu.
Quatre brins de fougères dans la forêt qui grandit.
Quatre graines germées dans le champ de l'espoir.
Quatre petites caravelles avançant de conserve en quête d'un nouveau monde.
Quatre notes échappées des grilles de la portée, qui avaient décidé d'aller dans l'autre sens.
On nettoiera bientôt ces graffitis, ou bien la pluie les lavera, le soleil les éteindra : c'est dans l'ordre et beaucoup s'en réjouiront.
Pourtant, il est bon de sentir qu'il suffit de si peu...
Qu'un enfant malicieux, qu'un étudiant rieur, chef à l'orchestre fantaisie, s'amuse à dessiner, avec un pochoir de carton, sur un mur terne, quelques notes colorées,
et aussitôt quelque chose en nous se met à chanter.