Les lavandières -
Port des roquios sur l'Erdre, dans le bassin où s'interrompt le cours dévié et canalisé de la rivière - février 2012
En ce temps-là, l'Erdre était encore toute bruissante de laveuses.
Les chemises claquaient au vent et les draps dormaient sur le pré, ventres luisants sous le soleil. C'était le temps des lavandières, qui blanchissaient le monde, chantant et bavardant avec les reflets argentés du courant. La nuit elles revenaient, silencieuses et ombreuses, changeaient les draps blancs en linceuls, et les eaux vives en marais oublieux. Des cadavres passaient en rêvant, couchés au lit des vagues, sous la lune traîtresse qui fait brunir le linge. De petits roquios cinglant à toute vapeur les bousculaient un peu, mêlant leur ombre jaune aux blêmissures de l'eau. C'était ainsi.
Les chemises claquaient au vent et les draps dormaient sur le pré, ventres luisants sous le soleil. C'était le temps des lavandières, qui blanchissaient le monde, chantant et bavardant avec les reflets argentés du courant. La nuit elles revenaient, silencieuses et ombreuses, changeaient les draps blancs en linceuls, et les eaux vives en marais oublieux. Des cadavres passaient en rêvant, couchés au lit des vagues, sous la lune traîtresse qui fait brunir le linge. De petits roquios cinglant à toute vapeur les bousculaient un peu, mêlant leur ombre jaune aux blêmissures de l'eau. C'était ainsi.