Café du rêve
ecousent Je passais dans la rue. C'était un de ces jours où l'on se dit que rien n'arrivera, puisque tout est si laid.
Soudain il y a eu ce léger souffle de vent. J'ai entendu au-dessus de moi le froufrou d'un rideau, et j'ai levé la tête :
Café du rêve
Un peu pompette et très usé, il avait si longtemps dormi, le vieux rêve, à l'enseigne des copains d'abord et des lendemains qui chantent. Il avait si longtemps cherché l'aventure dans le marc, et si souvent refait le monde en tapant la belote contre son verre d'absinthe. Il s'était tellement fatigué lézardé démodé.
Qui donc ne l'aurait cru désormais
bien mort mal enterré ?
Alors ce souffle chaud sur la vitre refaite, ce mot dansant chantant qui veut dire hospitalité,
TERANGA
c'était comme un message
un de ces beaux hasards
qui recousent les ombres
avec le fil des âmes.
Et dans leur nuit là-bas, sur l'étroit bastingage de l'ancienne vitrine, il m'a semblé les voir, les vieux rêveurs, agiter leur main pâle
comme des voyageurs qui s'en iraient plus loin.