26 novembre
Des ogres qui dévorent et des ogres qui meurent. Des accidents, des morts, des voix à la radio et des images à la télé. Des mots qui hurlent et des femmes qui pleurent, des lèvres qui murmurent des mélodies d'amour, et des fanfares tranquilles qui s'assoient au jardin. Des flammes pour veiller et d'autres pour détruire, et d'autres encore qu'on ne voit pas, dans l'ombre des maisons et à l'abri des coeurs, pour cuire le pain des heures et toujours espérer. Des parias et des stroboscopes, des guerres et des paillettes, des danseurs dénudés et des gens au café. Du désir, des révoltes, de la misère et des DJ. Le tour du monde en vingt minutes dans le fracas pop rock des banquises qui flanchent. Partout des points de vente, des appels et des pétitions. Des affiches en lambeaux qu'on recouvre aussitôt, et ces Epicuriens au banquet de la vie largement attablés, repoussant du pied sous la table ceux qui n'ont pu s'asseoir. La baraque en désordre où l'on claque les portes, la barbaque sanglante pour être gras quand on claque. Tant de mâchoires qui croquent et tant de joie qui craque. Tant de cris, tant de rires, tant de pleurs. Un chaos.
Mais cette clarinette qui s'obstine, fragile dans l'air lourd comme un verre de vin jeune. Et ce petit poème, sur son papier jauni, qui se récite encore dans l'air bleu.
Voilà, c'était hier déjà.
Le 26 novembre.
Juste un jour sur la Terre.