Les tilleuls
Il suffit de passer, en juin, sous un tilleul en fleurs, pour que tout soit de nouveau là, intact : la chaleur qui s'allonge dans les ombres du soir, et l'appel monotone des tourterelles lentes, tandis que l'enfant, libre comme un jeune arbre au dernier jour d'école, s'avance dans la rue gardée de vieux tilleuls, balançant son cartable, vers l'été des vacances qui ne pourra jamais finir.
Et c'est toujours la même stupeur, et c'est toujours le même bonheur, quand on s'en va, en juin, dans l'odeur des tilleuls : que ce soit justement le plus impalpable qui nous fasse franchir les années, que ce soit le plus périssable qui sache seul guider notre mémoire vers son éternité.