Quelques voeux
Au village, sur le mur d'affichage de la mairie, le temps se dépose lentement, couche après couche, en bouts d'affiches et de mémoire que délavent les pluies, qu'éteignent les soleils, que détachent les vents.
On se contente de coller les papiers colorés les uns par dessus les autres sur le mur gris et fissuré, moisi de colle ancienne et rongé de lichens.
C'est tout à fait comme dans la vie. C'est tout à fait comme dans nos coeurs. Espoirs et peines, misères et joies viennent à leur tour. On superpose, on recolle, et on laisse vieillir, aux pluies, aux soleils et aux vents, les mots qui passent et les maux qui s'effacent. Les couleurs peu à peu se ternissent, les paroles s'embrouillent aux lèvres qui se fanent, les promesses expirées s'effritent au vent qui vient. Parfois un moment de bonheur repeint le monde en jaune, en orange ou en bleu. Et depuis si longtemps on ne sait plus très bien, ni qui on est, ni ce qu'on voudrait dire.
Mais, pour ce soir du 31 décembre, qu'il en soit, simplement, ainsi que le hasard, affiche après affiche, l'écrivit sur ce mur : A bas l'austérité ! que la fête villageoise revenue tourne en nos âmes grises la ronde de l'enfance, qu'une chance nouvelle nous soit donnée.
Et que, sur le manège coloré de l'espérance, enfin s'envole, légère et apaisée, vers cette année nouvelle, notre âme colibri.