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Effacement

Publié le par Carole

tableau-douaniers.jpg
 
A Trentemoult j'ai vu aussi cette peinture sur bois, rue de la Douane. On l'avait posée là pour rappeler les douaniers d'autrefois, affairés sur les quais sonores à surveiller les barges, les voiliers, les roquios, tous les bateaux de Loire qui se croisaient alors dans la vapeur, le remous des marées, et le claquement des voiles.
Revenus en fantômes monter leur garde lente, ils vieillissaient à la pluie, au soleil et au vent, ces douaniers fatigués. Sur l'image naïve comme un vieil ex-voto, ils se brouillaient, se délavaient, et peu à peu disparaissaient, avec le ciel trop bleu, les anciens parapets, les dockers en tricots de corps, les malles cerclées de fer, et les rivages industriels.
Du passé qui s'efface, nous voudrions si ardemment retenir la mémoire. Comme des chambres vides, nous ornons nos pensées qui se brouillent de tant de vieux tableaux qui à leur tour vont s'effaçant — Pour toujours, pour toujours, dit le fleuve.
 

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Cortège

Publié le par Carole

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Eux, ce sont les Seita, les Trelleborg, les ouvriers de Carquefou qu'on licencie d'un coup, comme on se débarrasse aujourd'hui des stocks, des charges et des coûts, parce qu'il est beaucoup plus rationnel de délocaliser (oui oui oui n'en doutez pas... cela a été calculé dans des bureaux, vérifié par des schémas savants, théorisé par des experts, désiré par de fougueux éditorialistes, expliqué et réexpliqué à la télévision, enfin voté par de très doctes assemblées d'actionnaires désintéressés) – dire qu'il nous a fallu des siècles d'humanisme, de Lumières, de progrès pour comprendre ce que savaient d'instinct les négriers d'ici : que les hommes ne valent décidément pas plus que les choses qu'ils produisent, qu'ils valent même souvent beaucoup moins...
Mais ceux-là, ils ne comprenaient pas, justement. On avait dû mal expliquer, manquer de pédagogie. Car ils marchaient tout à l'heure dans les rues de mon quartier, les Seita, les Trelleborg. Quelques bonnets rouges portant le gwenn ha du les escortaient et l'on battait tambour... une drôle d'armée bretonne qui remontait la rue, revenant à l'usine comme au bateau qui coule. J'étais arrêtée à un feu quand ils sont passés, et je les ai photographiés, très vite, par la vitre. Ils souriaient en remarquant l'appareil et me faisaient des signes amicaux. C'était un cortège bon enfant, coloré, presque joyeux.
 
Ils défilent aujourd'hui, soutenus par leurs camarades, sous le regard curieux des passants, heureux malgré tout de marcher ensemble au soleil, et d'avancer comme si la route allait mener quelque part. Demain ils seront seuls. Tout seuls. Des chômeurs.
 

Publié dans Nantes

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A la terrasse

Publié le par Carole

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Je photographiais, hésitant, recommençant, avec l'impression de toujours me tromper, cherchant le cadrage le plus approprié, l'exposition la plus juste, la perspective la plus nette ou au contraire la plus troublante, à moins que ce ne soit la plus naturelle... Je photographiais, donc, à Trentemoult où les hasards d'un après-midi de beau temps m'avait conduite, cette fenêtre "à la terrasse"...
...quand derrière moi, j'ai entendu quelqu'un s'exclamer : 
— Ça alors, c'est incroyable ! Derrière la fenêtre... là, vous avez vu ? J'ai toujours cru que c'était un dessin ! Et je viens de me rendre compte que c'est une sculpture !... C'est incroyable... j'ai toujours cru que c'était un dessin, pendant des années... dire que je viens juste de comprendre !...
En effet le soleil d'après-midi accentuait les ombres et ne pouvait laisser aucun doute : la femme à la fenêtre était bien un personnage en trois dimensions, probablement sculpté dans le bois.
Le vieil homme qui m'avait interpellée continuait à manifester sa surprise : "...C'est incroyable... pendant des années... " Puis, brusquement gêné, il est parti, aussi rapidement qu'il était apparu dans mon dos : "Excusez-moi de vous avoir dérangée..."
Dérangée ? Oui, d'une certaine façon il m'avait dérangée, m'obligeant à quitter mes calculs maladroits et stériles sur le cadrage, la lumière et la perspective, pour une toute autre réflexion, sur la photographie elle-même.
Il arrive souvent que les gens m'interpellent, quand je photographie leur cadre quotidien, alors que pour ma part je ne songe jamais à leur parler. Une indiscrétion qui répond à la mienne, évidemment - car il n'y a rien de plus inquisiteur qu'une photographie. Mais la surprise du vieil homme avait naïvement mis l'accent sur autre chose, quelque chose de bien plus important : la façon dont notre regard hésite, se dirige et s'égare, créant et recréant le monde à la faveur d'infimes cheminements. Ainsi, mon interlocuteur avait brusquement vu là-haut la sculpture, au lieu du dessin, parce que ma présence "regardante" l'avait amené à la regarder autrement, suivant comme une piste un regard étranger. Mon appareil hésitant, braqué sans certitudes sur la fenêtre familière, avait guidé ses propres hésitations. Et il avait commencé à "voir" ce que jusqu'alors il n'avait jamais vu : les ombres, les arêtes et les arrondis d'un corps en volume.... Un jour, peut-être, un autre photographe, un autre rayon de soleil, un grain de joie ou un orage de douleur, l'amèneront à voir encore là-haut, comme sur une île sans fin cartographiée, d'autres motifs, d'autres images d'un réel incertain. Car regarder, c'est une aventure toujours recommencée, une exploration difficile, une indécise navigation  dans le monde flottant des apparences, qui est notre seule vérité.
Finalement, j'ai fait en quittant Trentemoult cette photo toute simple, essayant simplement de noter ce que j'avais vu - ou cru voir, "à la terrasse" où s'était un moment reposé mon regard, à l'auberge du temps qui passe.
 
Ce qui m'intéresse vraiment dans l'art difficile de la photographie, dont sans doute je ne maîtriserai jamais les arcanes, ce ne sont pas les règles, ce n'est pas d'atteindre on ne sait quelle perfection, non, même si rien de cela ne m'est indifférent. Ce qui m'intéresse vraiment, ce qui me fascine, c'est cette impression de poursuivre, très lentement, maladroitement, un long voyage d'exploration, avec mon modeste "appareil" pour seule boussole et pour seul gouvernail – d'appareiller pour le monde le plus proche, comme je partirais pour le lointain.
 
 

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Fallait-il en parler ?

Publié le par Carole

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Ile de Nantes, 22 avril 2011
 
 
Je me suis longtemps demandé si je pouvais en parler. Quel sens cela aurait de parler de cette affaire qui semble n'avoir eu aucun sens, qui est allée si loin dans l'inhumanité qu'on pourrait avoir l'impression que jamais elle n'a eu aucune signification humaine.
On n'y fait presque jamais allusion, ici, mais on y pense, souvent. Cela rôde, cela hante, cela remue des ombres, comme un cauchemar qui s'obstinerait à traîner le jour dans les rues.
 
C'était il y a trois ans tout juste. Je me souviens très bien d'avoir pris en marchant cette photo un peu floue, que mon appareil a enregistrée à la date du 22 avril 2011. Stupéfaite de lire ces mots "cinq corps sous la terrasse", j'avais appuyé sur le déclencheur sans penser à cadrer.
Je venais de rencontrer, comme tant d'autres passants, Xavier de Ligonnès, le nouveau Barbe-Bleue de Nantes. Le lendemain, j'ai appris, avec toute la ville épouvantée, qu'il avait tué sa femme et ses quatre enfants, qu'il avait préparé leurs meurtres pendant des mois, qu'il avait traîné leurs cadavres sous la terrasse de leur maison nantaise pour les enterrer dans les trous emplis de chaux qu'il leur avait creusés. Qu'il avait même tué son chien pour l'enterrer avec les autres. Avant de disparaître. Totalement. Comme seuls les démons savent le faire. 
Je me souviens qu'il faisait un temps radieux, que la lumière d'avril avait une légèreté d'Éden, et que je m'étais dit qu'au moins, il les avait laissé vivre un peu de ce printemps menteur. Les gens posaient de gros bouquets de fleurs sur le seuil de leur maison marquée de scellés rouges. Et nous les voyions se faner chaque fois que nous passions en voiture.
 
Dans l'histoire de cet ogre à fusil, de ce Saturne dévorateur un peu Landru sur les bords, de ce triste Satan de province, ce qui sans doute nous a le plus troublés, ce fut de découvrir à quel point c'était un homme ordinaire, un Dupont habitant une maison ordinaire, avec une famille ordinaire, dans une des rues les plus ordinaires et "passantes" de la ville.
Car le diable, on l'imagine avec des cornes et une odeur de soufre, et, sous ce costume grandiloquent, on s'en accomode. Mais dans la réalité il en va tout autrement : le diable habite près de chez nous, il salue ses voisins, promène son chien le soir, et tond soigneusement sa pelouse... c'est même pour cela qu'il est le diable, n'est-ce pas, car de l'autre, celui qui ne peut nous ressembler, qu'aurions-nous donc à craindre ?
 
Beaucoup le croient mort aujourd'hui, ce Ligonnès, d'autres le supposent en fuite et se cachant tremblant, dans la honte et l'angoisse.
Pour ma part, je l'imagine bien plutôt menant à nouveau une vie ordinaire. Une vie simple et paisible qu'il aurait commencée avant son crime peut-être, bien avant, sous une autre identité évidemment très ordinaire.
Il se serait installé quelque part, dans un village, par exemple, en Français moyen retapant une bicoque depuis des années, puis venant tranquillement s'y installer vraiment, après, connu déjà de tous, sans que personne ne puisse voir en ce brave homme si familier l'homme recherché dont on parlait à la télévision. A force de fréquenter le café des Sports, il aurait grossi jusqu'à brouiller de graisse ses traits montrés partout sur de mauvaises photos. Ou bien il aurait le crâne chauve, une moustache de gaulois, un sourire de Dupont Lajoie. Un nouveau costume d'homme ordinaire. Il ne peut pas en aller autrement.
Car le diable est un homme ordinaire, je vous dis, foncièrement ordinaire. C'est pour cela qu'il est le diable.

 

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A l'endroit, à l'envers

Publié le par Carole

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Tout à l'heure en rentrant j'ai croisé dans les rues le joli carnaval des enfants – le carnaval du mercredi, réplique en miniature du grand carnaval du dimanche. 
J'ai photographié au passage cette cantine joyeusement achalandée, qui fournissait aux petits fantassins de la fête des bombes et des épées à bulles, un arsenal de confettis et de ballons à lancer sur la ville.
 
Qui donc a dit que le carnaval est le monde à l'envers ? Il m'a semblé plutôt que c'était le monde à l'endroit. Celui où l'on ne guerroie que pour rire, où l'on ne tremble que de joie, où l'on ne crie que d'espérance, dans les villes dont les rois tout à coup sont devenus des enfants.
Seulement le monde est si maladroit. Il saute, il danse, il cavalcade, il rebondit, il s'en donne à coeur joie sur les grands chars du carnaval... – mais toujours il trébuche et retombe à l'envers, rouge et le front bosselé de cornes.
 
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A prendre ou à laisser

Publié le par Carole

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Je traversais le Cours Saint-Pierre, où la foire de printemps tient ses quartiers depuis peu.
Musique criarde, couleurs tonitruantes, la fête s'époumonait, peinant à s'imposer aux passants clairsemés.
Un instant je me suis arrêtée devant cet étal naïvement métaphysique, qui claironnait l'éternelle vérité : "Pas de perdant". "A prendre ou à laisser".
Loterie de la vie, grand théâtre du monde.
Une grille pour tous et un lot pour toujours.
Chacun son rôle son petit numéro son billet vers le ciel son ticket vers l'enfer. 
Mais on n'a pas le choix. C'est comme ça. A prendre ou à laisser.

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Intermittences

Publié le par Carole

J'ai assisté hier au Lieu Unique à une représentation vraiment mémorable du Misanthrope. La mise en scène précise, réfléchie, et en même temps si amusante de Jean-François Sivadier redonnait toute son actualité et toute son intensité au combat impossible du pauvre Alceste, en lutte contre le mal - contre l'humanité, et contre lui-même. 
J'ai surtout admiré la fin, où l'homme aux rubans verts, après s'être dégagé un chemin "propre" dans l'amoncellement de paillettes qui depuis le début du spectacle figuraient sur la scène l'éclat factice et la saleté du monde, se mettait à courir et à tourner en rond dans son enfer - comme jadis le Dom Juan de Marcel Bluwal.
Après les salutations et les applaudissements, Alceste, redevenu l'acteur, a lu au public un manifeste contre la révision en cours du fameux "statut des intermittents du spectacle". 
Intermittents, intermittence. En entendant ces mots je les ai revus...
 
musiciens Graslin
 
... C'était, tout à l'heure, sur les marches de l'opéra Graslin, à l'écart de la braderie géante qui avait envahi le centre, loin des étals et de la cohue des badauds, une troupe de musiciens. Ils étaient habillés en clowns comme les comédiens de Jean-François Sivadier, et régalaient la rue sans rien vendre à personne. J'ai goûté là quelques instants de joie fraîche, inattendue, jaillie comme une eau pure dans le soir grisonnant, l'intermittence de la fête brusquement offerte aux passants, sous les yeux ronronnants des Muses de gouttière qui somnolent là-haut.
Intermittents, les artistes, oui. Comme les spectateurs. Comme le rire et le bonheur. Comme les larmes aussi. Comme le battement fugace des pauvres coeurs humains.
Comme l'art lui-même, cette intermittence de liberté, de réflexion, de rêve et d'illusion, de pure joie, jaillie brièvement dans nos existences condamnées - seul remède pourtant à l'ennui dévorant de toutes les Célimène, aussi bien qu'aux tourments éternels de tous les Alceste délirants courant sans rémission après la vérité.
 
Intermittence, intermittents.... Pourquoi s'en prendre à vous ?

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La reine des abeilles

Publié le par Carole

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J'avais plusieurs fois photographié ce beau médaillon, rue de la Fosse, sans y prêter toute l'attention qu'il méritait.
Or, par hasard, tout à l'heure, en feuilletant un vieux numéro des "Annales de Nantes et du pays nantais", je suis tombée sur cet article, signé Claude Kahn :
 
 
Capture-elie-delaunay.JPG
 
 
Je venais de découvrir qui était la reine des abeilles. Et qu'elle régnait précisément sur la ruche où naquit Jules-Elie Delaunay, dont j'ai toujours admiré la sombre "Peste à Rome", superbe apocalypse d'épidémie tragique, mâtinée d'un je ne sais quoi de Saint-Barthélémy...
 
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      Jules-Elie Delaunay, "La Peste à Rome", Musée d'Orsay
 
 
Ainsi, tout s'expliquait.
C'était le dard délicat des abeilles qui avait inspiré au peintre le bras mince et aigu de son ange meurtrier.
C'était la cire des ruchers blonds qui lui avait appris le modelé des corps et l'empâtement des ombres.
C'était la reine des abeilles qui avait placé dans ses mains la couronne d'abondance.
C'était du labeur des insectes utiles qu'il avait fait son miel d'artiste.
Et c'était en butinant, gourmande, dans les rues et les livres que j'avais recueilli la délectable histoire de la reine des abeilles - petite fable aux ailes repliées sur la pierre d'un vieux mur, qui avait bourdonné jusqu'à moi.
 
Rien de bien remarquable, rien de très mémorable, allez-vous dire, dans ce nectar musard, tout juste la matière d'une mince tartine de mots, de miel et de peinture.
Cependant je voudrais que ma vie toute entière soit à l'enseigne du cirier Delaunay :
petite abeille laborieuse, promeneuse, active et nonchalante, faisant son miel de ce qui vient à elle, et façonnant la cire que d'autres pétriront.

 

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Les magnoliers

Publié le par Carole

Puisque vous me parlez de magnolias... oui, parlons des magnolias - qu'on appelle au Jardin d'ici des magnoliers.
On en a planté beaucoup, depuis le fameux magnolier d'Hectot, si vieux qu'il paraît désormais s'absorber dans la contemplation de ce curieux champignon qui lui pousse comme un visage en travers de l'écorce.
 
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Nantes - Jardin des plantes - Magnolier d'Hectot - décembre 2013
 
 
J'aime aussi le port hautain et la splendide floraison du magnolia de Soulange... - que l'on nomme, en ce lieu où chaque arbre est un brin de fable, "magnolier de belle apparence".
 
Mais ce qui me fascine vraiment, chez les magnoliers aussi bien que chez les magnolias, c'est qu'ils puissent ainsi, tous, tout savoir de la beauté.
Il faut les voir faire jaillir vers le ciel leurs grandes fleurs ardentes comme des cierges - comme si jamais aucun autre désir ne les avait animés que de poser sur leurs branches de grands bouquets d'oiseaux parfaits.
On ne peut rien imaginer de plus éclatant.
On ne peut rien imaginer de plus triomphant.
On ne peut rien imaginer de plus beau.
 
On ne peut rien imaginer de plus bref.
Car voilà que le vent a cueilli de sa main distraite les fleurs immenses. Et qu'elles s'envolent en minces flocons roses comme une neige de couchant. Et puis voici qu'accourt la pluie capricieuse et avide, qui s'en joue un instant pour les jeter à terre. Enfin la nuit les glace et les froisse en ses ombres, et les laisse meurtries comme des étoiles tombées.
Pourtant les magnoliers trônent encore, nus et noblement indigents, indifférents. Et c'est bon de marcher à leur ombre, dans les allées semées de fleurs mortes et toujours vivantes, sur les traces légères du grand bouquet-merveille qui fleurissait hier.
 
Ils savent tant de choses, les magnoliers. Ils savent, comme les dieux, que la beauté n'aspire qu'à se donner et à se perdre, à se disperser dans le monde tel qu'il est, à se faner sous les pas des vivants,
aussi indifférente à sa disparition qu'elle était ardente à venir au monde.
 
 
magnolia - fleurs tombées - amies
Nantes - Jardin des plantes - Magnolier  de Soulange - mars 2014
 

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Le cerisier du Japon

Publié le par Carole

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      Jardin des plantes de Nantes - 20 mars 2014
 
 
Le printemps japonais, c'est aussi le temps de "hanami" - qui signifie littéralement "regarder les fleurs". Hanami est la grande fête du printemps, un moment de repos et de joie, où l'on s'en va en foule, rêver ou s'amuser, sous les grands cerisiers pleureurs qu'on plante en immenses allées.
Et voilà que ce soir, en traversant comme à mon habitude le Jardin des plantes, j'ai vu que le printemps s'était posé, comme un papillon rose, sur le cerisier du Japon au tronc noir et bourru qui balançait dans le vent ses longs branchages chargés de fleurs délicates.
J'ai pensé à ces fêtes, à ces foules heureuses, là-bas, dans les allées de cerisiers fleuris. Je me suis dit qu'il était merveilleux de pouvoir consacrer tant de temps à le perdre, pour quelques gouttes de parfum rosé, pour les larmes légères de quelques cerisiers du printemps. Que tant de déraison était la vraie sagesse.
J'ai voulu photographier l'arbre, saisir dans leur reflet bleuté les doux sanglots qui frémissaient en rose sous le vent gris du soir.
J'étais seule tout d'abord près de mon cerisier solitaire. Mais, à mesure que je photographiais, les promeneurs s'arrêtaient derrière moi.
— Je demanderai à ma mère de le photographier aussi, a dit la voix d'un petit garçon.
— C'est un cerisier pleureur, a dit une voix d'homme.
— Il n'y a pas que les saules qui sont pleureurs, a dit une autre voix d'homme.
— C'est un cerisier du Japon, a dit une voix de femme.
— Qu'est-ce qu'il est beau ! a dit une autre voix de femme.
Si bien que quand je me suis retournée, il y avait foule pour admirer l'arbre en fleurs.
C'était vraiment hanami. Hanami ici
 
 
cerisier du japon
 
Rien n'unira jamais aussi solidement les humains, d'un bout à l'autre de la Terre, que les pétales légers d'un cerisier en fleurs.
Rien n'unira jamais aussi fortement les humains à la Terre qu'ils maltraitent que le parfum fragile d'un cerisier en pleurs.
花見

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