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Bagad géant

Publié le par Carole

manifestation-bretagne-bagad.jpg
 
J'avais à faire en ville cet après-midi... je n'y songeais plus... Et soudain je les ai entendus. Un bagad, ai-je pensé, un immense, un extraordinaire bagad !
Bien sûr, c'était eux... les Bretons... c'était la manifestation pour la réunification de la Bretagne.
Il paraît que vingt ou trente mille Bretons sont venus aujourd'hui pour clamer et sonner que Nantes, la vieille capitale des Ducs, devait redevenir bretonne – "Naoned e Breizh ! Naoned e Breizh !"
C'est une question qui, pourtant, ici, n'unit pas tout le monde... qui même, pour tout vous dire, divise beaucoup plus qu'elle n'unit...
Aussi n'est-ce pas du tout de la réunification de la Bretagne que je veux vous parler. Non... en fait, je voudrais vous parler du chef d'orchestre. 
Celui de la photo, oui... celui que j'ai aperçu dans la foule des sonneurs, marquant la mesure du bras, indiquant à chacun sa partie.
Je me suis dit qu'il devait y en avoir des dizaines d'autres, des chefs d'orchestre comme celui-ci, dans ce bagad géant fait de la réunion d'une quantité de bagadoù locaux. Et que ce qui était extraordinaire, c'était qu'ils parvenaient tous, d'un bout à l'autre de cette immense manifestation qui n'en finissait pas de s'écouler, à battre la même mesure, à suivre la même mélodie.
Et que si nous pouvions avancer en ce monde, Bretons ou Angevins, Vendéens ou Parisiens, Français ou... qui vous voudrez...
...si, tous, jouant chacun notre partie, nous pouvions avancer en ce monde comme ces musiciens avançaient devant nous, sur le même air et la même mélodie, ce n'est pas seulement la Bretagne qui serait réunie, c'est toute l'humanité.
Et, finalement, la réunification de l'humanité, le grand bagad de la Terre musicienne, cela me plairait beaucoup, beaucoup plus que la réunification de la Bretagne.
 
Pour le son, c'est ici : link

 

Publié dans Nantes

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Le voyage de Blandine

Publié le par Carole

 le-voyage-de-Blandine-a-Nan.jpg
 
Le lutin facétieux qui repeint en rêvant nos trottoirs et nos murs s'était joué à détourner, rue Clemenceau, le fameux logo du "Voyage à Nantes". Et, désormais, Blandine s'en allait son chemin, un peu trop haut, un peu trop loin, un grand pas de côté, un regard de travers, très joliment, légèrement, loin de la ligne verte, comme une signature vivante tout en bas d'une lettre.
 
Alors, tiens, maintenant qu'on l'oublie, qu'on vient de le garer, ce grand "VAN", sous les feuilles d'automne, je peux bien vous le dire à mon tour, et même vous l'écrire, sur ce trottoir de blog, ce que j'ai préféré, dans ce voyage à Nantes.
Ce que j'ai préféré, c'est...
 
...le voyage de Blandine.
 
Evidemment évidemment.
Mais aussi mais voici :
 
le voyage de Kévin
le voyage de Martine
le voyage de Sylvie
le voyage de Lucie
le voyage de Dorian
le voyage de Huan
le voyage de Mariam
le voyage de William
le voyage de Laura
le voyage d'Anita
Le voyage de Rachid 
le voyage de David
le voyage de Fabienne
Le voyage de Nolwenn
le voyage d'Isabelle
le voyage des rebelles
le voyage infidèle
le voyage sentinelle
le voyage ménestrel
à Nantes comme ailleurs
et ailleurs comme à Nantes.
 
Car dans l'itinéraire que l'on propose à tous, le seul trajet qui compte est celui de chacun.
 

 

Publié dans Nantes

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Le poussin et son jardinier

Publié le par Carole

poussin-geant---jardinier.jpg
 
Je suis repassée, tout à l'heure, près du poussin géant que Claude Ponti a affalé de sieste, le temps d'un été, dans notre beau Jardin. Il y avait longtemps que je ne l'avais vu, mais il dormait toujours dans l'herbe son doux sommeil de poussin gras.
Un jardinier s'affairait, le coiffait, le rasait, l'étrillait, le rhabillait de frais. Garganpoussin dormait toujours, arrondissant son ventre, indifférent à tant d'efforts patients. Et eux, dans l'allée, les badauds venus photographier la star, ils commençaient un peu à s'impatienter. N'allait-il pas bientôt partir et s'effacer, ce jardinier lilliputien ? C'était bien long, tout ça...
 
Que voulez-vous ? On le sait qu'il en faut, du travail et des travailleurs, des efforts et des nains, et des petites mains, et des petits destins, pour que les poussins géants de ce monde puissent dormir à l'aise leur bonne sieste au paradis des Grands.
Mais on préfère ne pas les mettre sur la photo, les humbles jardiniers d'Éden.
D'habitude.
 

Publié dans Nantes

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Interrogation

Publié le par Carole

point-d-interrogation.jpg
 
Il y a plusieurs mois qu'on le voit, suspendu comme un doute, comme un fantôme transparent, sur la vitrine d'une des boutiques récemment relouées du Passage en travaux.
A qui s'adresse-t-il, ce point qui s'interroge ? Au passant dubitatif ? Au commerçant lui-même, qui ne sait que penser, qui se demande que décider ?
On le sait bien, au fond, qu'il n'y aura là pour finir, comme d'habitude, qu'une boutique de vêtements, un comptoir à bibelots, un commerce à bricoles... On en est sûr, que la lente interrogation devra bientôt faire place au point de platitude.
Mais cette courbe qui prend le temps, ce tracé qui sinue un peu, cette aile à demi dépliée de la pensée qui pourrait s'envoler...
C'est si beau un point d'interrogation. Quand tout est possible encore. Et même d'échapper à la sotte réponse que contient la question.
 

Publié dans Nantes

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Tous des géants

Publié le par Carole

on est tous des géants
 
ON EST TOUS DES GEANTS
 
Quelqu'un avait inscrit cela, rageur, après le départ en flonflons de nos géants royaux. Ici, justement ici, dans l'un des lieux les plus sinistres de la ville, sur la margelle aux marginaux, au-dessus de ce puits de chemin de fer qui traverse, recouvert d'une grille jonchée de canettes suicidées, la place de la Petite-Hollande.
Tous des géants ? Non. Il y a surtout des nains en ce monde où règnent les géants. Tellement de nains. Mais des nains qui habitent en géants leurs vies de nains.
 
Car le caillou devient montagne pour celui qui doit le pousser
et toute paille est un radeau pour celui qui va se noyer.
Car toute erreur est un abîme pour celui qui marche tout seul
et la misère souffle en tempête pour celui qui n'a que sa peau.
Car la cabane est un palais pour celui qui n'a pas les clés
Et chaque rêve est escalier pour celui qu'on a abaissé.
 
Pour habiter une vie de nain il faut un courage de géant. Aussi n'y a-t-il que chez les nains qu'on puisse trouver de vrais géants.

 

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Fanée ?

Publié le par Carole

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  Jardin des plantes de Nantes - Palmarium - 4 juillet 2013
 
 
Titania s'est fanée. Endormie pour dix ans, ou bien cent.
J'aurais tant voulu la voir se refermer sur son sommeil de Belle, piquée par le fuseau de la soixante-douzième heure. Je suis arrivée trop tard. Une demi-heure trop tard. Elle avait rendu son dernier soupir de fleur. On ne visitait plus.
J'étais bien dépitée, mais j'ai fait le tour de la serre, et je l'ai aperçue dans ses voiles, doux fantôme de derrière la vitre. Je me suis penchée pour mieux voir. Des fleurs vivantes s'étaient déjà posées sur son reflet mourant, comme un troupeau de papillons.
Le Jardinier, je crois, avait cueilli son âme, et l'avait ressemée sur toutes ses plates-bandes.
Le monde est un jardin, l'espoir est sa saison, et tout s'en va en rond sur l'horloge du temps.
 

Publié dans Nantes

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Seul

Publié le par Carole

seul.jpg
 
Il devait se sentir bien seul, l'homme en gris.
C'était un peu après six heures, hier soir, pendant "le" match. Il s'était attablé tout gris près d'un arbre tout gris, sur l'esplanade grise, à la table grise d'un petit café gris démuni de tout téléviseur et par conséquent désert. Un peu plus loin, dans le café voisin magnifiquement doté de trois écrans, il y avait foule et c'était l'été brésilien.
Loin des jeunes gens au maillot coloré qui se battaient pour un ballon, loin des groupes d'amis qui s'étaient rassemblés partout, loin des cris de victoire et des hurlements de dépit, loin des bonheurs criards et des orages télévisés, il devait se sentir bien seul, l'homme en gris.
"Ils" ont perdu finalement, et "nous" avons perdu avec eux, paraît-il.
Lui, je crois qu'il avait perdu depuis longtemps, mais qu'il aurait bien aimé pouvoir jouer encore un peu. Dans un film en couleurs.

 

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Titania

Publié le par Carole

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    Jardin des plantes de Nantes - 1er juillet 2014
 
 
On l'appelle l'"arum titan", ou le "pénis de titan". C'est la plus grande fleur du monde. Et l'une des plus rares aussi.
Elle vient d'éclore au Jardin comme dans une forêt de Sumatra. Cela n'arrive que tous les dix ans à peu près. Et cela ne dure que soixante-douze heures.
Il paraît que toute l'énergie de la plante est tendue depuis sa naissance vers cette floraison exceptionnelle. Que chaque année, se préparant, elle forme une seule feuille, qui se fane aussitôt, et que ce n'est qu'après avoir ainsi formé et détruit plusieurs feuilles, année après année, qu'elle peut nourrir de leur substance cette fleur merveilleuse. La plante retombe ensuite, épuisée, dans un sommeil de plusieurs années. Jusqu'à ce que, peut-être, une autre fleur puisse jaillir un jour, sur l'autel obstiné de ses feuilles sacrifiées.
 
La file d'attente était bien longue, et j'ai trouvé très émouvant de constater que tant de gens s'étaient déplacés pour voir une simple fleur. 
Quand j'ai enfin pu entrer dans la serre, je n'ai pas du tout senti l'infâme odeur de chair pourrie, destinée à attirer les mouches pollinisatrices, dont on m'avait parlé. Dans l'humidité lourde de cette forêt naïvement tropicale, la fleur m'est apparue, vivante, douce et paisible, comme un rêve du Douanier.
Et puis, dehors, en regardant ces photographes impatients et lourdauds cogner de l'objectif sur la vitre embuée, je me suis dit que cette fleur si belle et si étrange avec son nom bouffon et son parfum de désastre était peut-être plutôt le songe de Bottom. 
 
titan---photographes.jpg
 
Et que sa beauté née dans l'ombre épaisse d'une île impénétrable avait sans doute, au fond, besoin, autant que des insectes pollinisateurs attirés par son odeur, de notre présence grossière et de notre humble admiration, pour développer toute sa perfection.
Alors je l'ai renommée : Titania.
 

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Les échasses

Publié le par Carole

échasses 1
      Fête de la musique - 21 juin 2014
 
 
Au solstice d'été où l'année se retourne, on fête la musique comme on fêtait autrefois Carnaval. On joue, on danse, et la vie de nouveau chante sa note juste.
Hier soir c'était extraordinaire, d'un seul coup, dans la rue, de voir surgir, précédant un groupe de tambours, cet Africain perché sur ses échasses immenses comme un danseur dogon. Sur ses poteaux de bois si hauts, si lourds, si dangereux, il dansait, il sifflait, il courait, avec l'aisance d'un jeune dieu. 
Peut-être qu'au matin il ramassait quelque part des poubelles, peut-être qu'il transpirait sur un chantier, peut-être qu'il vendait des foulards dans la rue. Mais au soir, dans la fête, il était un géant magnifique entraînant derrière lui la foule.
Il était enfin devenu un autre.
Il était enfin devenu lui-même.
 
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Quelque chose de Sarajevo

Publié le par Carole

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Hôtel de la Duchesse Anne - Nantes 
 
 
Le soir où il a brûlé, les rues voisines se remplissaient de cendres chaudes, comme à Pompéi.
De vieilles gens se racontaient les bombardements de 43, que la fumée leur rappelait.
Il flottait sur l'été commençant comme un parfum de ruine et d'agonie.
Les arbres du jardin des plantes faisaient non de la tête, en hennissant dans le vent brûlant.
Le feu grimpait aux poutres des charpentes comme un animal fou.
Cela grondait et frémissait d'une colère ancienne, d’un souffle de volcan et de guerre.
La clarté du couchant s'est prolongée dans la nuit jusqu'à l'aube du lendemain.
 
Il est resté près du château ce grand corps vide et blanc, ce grand squelette séché au feu, aussi mort et aussi immortel que la duchesse en sabots.
Portes murées, parois recouverts de suie et de tags, et, tout là haut, dans les feuillages art-déco épargnés, comme à la cime d’un grand pommier foudroyé, l’enchantement de ces balcons, nids de béton pour les anges, et la merveille de ces fenêtres ouvertes tout grand sur le ciel.
 
Château de Belle au bois brûlé, depuis dix ans endormi, hésitant entre mourir et vivre, entre défaite et renaissance.
Et c'est bien comme cela. Il faut qu'il y ait dans une ville un petit coin de Pompéi. La mémoire des désastres, la certitude de la fragilité. Quelque chose de Sarajevo. 

 

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