Je ne me doutais pas, en publiant mon petit article sur le pianiste de la place du Commerce, que je lirais ceci aujourd'hui dans le journal local : http://www.presseocean.fr/actualite/nantes-le-pianiste-compose-avec-les-pv-21-05-2014-108040
Nantes Le pianiste compose avec les PV
"Occupation illégale du domaine publique", circulez...
Photo PO-Eric Cabanas
"Occupation illégale du domaine publique", circulez...
Photo PO-Eric Cabanas
Il règne comme une ambiance d’été ce vendredi soir, place du Commerce. Les Nantais attablés aux terrasses jouissent du moment et des mélodies d’un piano qui adoucissent l’air. Pierre-Henri Weiss, pianiste de rue depuis des années, joue au milieu du site.
C’est un habitué de la place du Commerce et du quartier Bouffay. « Il y a un côté chaleureux dans le piano de rue, plaide-t-il. Seuls ceux qui aiment restent écouter. Cela rapproche aussi les gens autour du piano, cela permet de communiquer ». Parfois il fait une pause et prête son piano aux passants. Quelques badauds savourent ainsi le moment. Pas seulement, car ce vendredi une équipe de policiers municipaux s’affaire autour de l’artiste. « Nous le verbalisons pour occupation illégale du domaine public », précise l’un des policiers. Le charme tombe… Cet air de piano qui a coloré la place un moment, est remplacé par une explication tendue. Pierre-Henri Weiss ne s’en laisse pas compter. Il aurait pu faire du théâtre. Le conflit avec les agents municipaux ne date manifestement pas d’hier.
À Nantes, il n’existe pas de réglementation particulière pour les musiciens de rue. Seule condition fixée : qu’il n’y ait pas de trouble à l’ordre public, ni entrave à la circulation des véhicules et piétons. La direction de la réglementation et de la gestion de l’espace public prévoit une déclaration en mairie, dans un délai de quinze jours, avant une manifestation. Les organisateurs reçoivent alors un arrêté individuel, qui peut être révoqué si la réglementation n’est pas respectée. Dans les faits, rares sont les musiciens qui déclarent les lieux et horaires où ils vont jouer… La musique adoucit les mœurs, dit-on. Mais pas ce vendredi soir place du Commerce.
(*) Contacté, l'adjoint en charge de la Sécurité Publique n'a pas répondu à nos sollicitations
C'était un soir de mai si doux. Un soleil tiède hésitait sur le seuil, devant la porte entrebâillée, secouant la poussière comme un rideau léger. Au fond du magasin plein d'ombre, Gilbert Kaefer, le vieux propriétaire de la "Librairie classique et moderne" de la rue Racine, accoudé à son comptoir, rêvait [...]
Récit du jour à lire sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com
Rive de la Loire - île Beaulieu à Nantes
La mort l'avait saisi, il tombait lentement, seul et silencieux, tordant échevelé ses bois de cerf vaincu.
Et de l'autre côté, tant de vies empilées dans ces tours toutes nues, qui se cherchaient un nid. Ces voitures qui filaient, insectes de la rive, comme sur une paille. Ce grand train tout là-bas, s'avançant vers le pont, avec son poids d'humains à transporter plus loin.
Sous le ciel s'écoulait le bleu cru comme sang des fleuves éternels.
Ainsi on vit, ainsi on meurt. Au bord de l'eau tout comme ailleurs.
C'était hier place du Commerce.
Il avait apporté son piano.
— Qui donc le lui avait déchargé là ? un nuage encombré d'arcs-en-ciels ? un avion qui jouait sur les portées d'en-haut ? un grand sous-marin mauve égaré dans la ville ? un camion cahotant rempli d'aubes et d'oiseaux ?
Ou bien l'avait-il emporté sur son dos, coquillage où mugit l'horizon, comme on emporte sa maison ?
— Peu importe... il avait apporté son piano, il jouait au milieu des badauds indifférents. C'était très beau, c'était très triste.
— C'était joyeux, c'était idiot !
Je ne crois pas que la musique puisse sauver le monde. Mais qu'elle puisse sauver de ce monde et de sa folle indifférence tous ceux qui croient en elle, cela, oui, je le crois.
Et c'est idiot, et c'est très beau.
(link vers Pierre Weiss)
Je l'ai d'abord entendu sans le voir. Enfin j'ai distingué le petit animal. Un campagnol aquatique, je crois. Mouillé de bleu, griffé de vagues, il se confondait presque avec l'eau. Mais comme il y allait, comme il ramait, comme il luttait, comme il fonçait contre le flot.
Il faut tant d'énergie pour se labourer un chemin dans les rivières de ce monde.
Bientôt je l'ai perdu de vue. Je l'entendais encore de loin, pourtant, s'efforcer et ramer. J'ai eu l'impression d'avoir rencontré bien plus qu'un petit rat jeté dans le courant : l'élan même de la vie, absurde et bouleversant.
Je l'ai saisie tout au bord de la Sèvre, à Rezé près de Nantes.
J'ai d'abord cru que c'était une angélique, étoile de la terre, fleur de doux confiseur et d'herboriste sage, et je l'ai admirée.
Puis je me suis demandé si ce n'était pas plutôt une grande ciguë, scorpion dressé dans l'herbe, âpre fleur de la mort, triste bourreau du sage - elle m'a fait un peu peur.
Si bien que je me suis arrêtée, hésitante. Comment savoir ?
Mais à l'abeille, qui fait butin de tout, active et bourdonnante comme l'avenir, il importait bien peu que la fleur soit un ange, ou qu'elle soit un démon. Indifférente, elle travaillait, et de tout faisait sa pelote, vendangeuse obstinée écrasant les poisons sous le poids des parfums.
Il faut aux ruchers de ce monde autant de ciguë que d'angélique pour faire couler le miel.
Alex suit les lignes du doigt, c'est comme ça qu'on fait pour lire sans se tromper. Et lire un journal... ah, c'est dur... ! En fait, c'est la première fois qu'il essaie de lire un journal, qu'il essaie vraiment, alors il a peur de se tromper, encore plus peur de se tromper que d'habitude. Il suit les mots du doigt, il va sans se presser, attentif à comprendre [...]
Suite du récit à lire sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com
C'était un très bel arbre, un arbre immense, un arbre creux
Lové dans son vieux corps, niché dans ses secrets.
Je me suis penchée sur sa nuit comme sur un terrier
Pour voir un peu en lui et regarder en moi.
Dans le tronc du vieil arbre, j'ai trouvé sans surprise :
Un champignon moqueur qui me tirait la langue.
Un coin de mousse bleue et d'espérance verte.
Des feuilles mortes au vent et de la boue du temps.
Une bouteille vide, vestige de la soif.
De la poussière d'écorce, de la sève encore vive.
De la lumière grandie et des ombres enfouies.
Des brindilles de nuit tressées comme des nids.
L'entrée d'un souterrain qui remontait les heures
Comme une horloge en rêve qui déplierait son coeur.
C'était un très vieil arbre, lentement creusé par la vie.
— Et le sel ? où il est, le sel ? hein ?... ça manque de sel, tout ça... ! Tout manque toujours de sel, aujourd'hui... Où il est donc, le sel ? Passez-moi le sel !
— Oh lui, avec sa manie du sel...
— Et la bonne femme, toujours à le mettre, elle, son grain de sel... Mais il est où, à la fin, ce sel ? passez-moi donc le sel ! [...]
Suite à lire sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com
Maisons, île Feydeau - Nantes
Sur les quais enfouis de la Loire et de l'Erdre, sur les îles asséchées posées sur le sable des heures comme des barques oubliées, les maisons penchent. Antiques, nostalgiques, elles s'inclinent, cherchant l'eau disparue que leurs murs entendent encore battre. Appesanties par l'âge, elles s'appuient pour ne pas s'écrouler sur l'épaule de leurs voisines lasses et tout aussi courbées.
Un peuple de vieilles demeures voûtées se tenant par l'épaule. Une foule où celles qui vont tomber retiennent celles qui tombent. Cela tient ferme finalement.