recits et nouvelles
L'ambulancier avait refermé doucement la porte. Et René sut qu'il était seul.
Pour la première fois depuis les longs mois d'hôpital où l'impossibilité de la solitude avait été comme l'envers réconfortant de sa totale et effroyable dépendance, il était vraiment seul. Il se sentit d'abord surpris que nul ne se portât à sa rencontre, chercha machinalement une infirmière qui ne venait pas, se souvint. Puis, regardant autour de lui, il s'étonna d'avoir pu vivre pendant tant d'années dans cet appartement qu'il reconnaissait mal. Tout lui semblait lointain, aussi bizarre et déplaisant que ses jambes immobiles, que son bras gauche raidi, que les mots déformés qui sortaient de sa bouche à demi paralysée. Il lui fallait tracer avec le fauteuil des chemins nouveaux sur la moquette usée dont le vert sali se creusait de sillons bruns [...]
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C'était juste pour être populaire. Populaire ? non... pas vraiment.
Juste pour avoir des amis. Des amis ?.... oh non, même pas...
Juste pour ne plus être celle qu'on n'invite jamais. Celle qu'on ne voit pas dans la cour du collège, la fille toute grise qui se confond avec les murs et avec la pluie.
Juste pour ne plus être celle qui ne peut inviter personne. Celle qu'on ne veut pas avoir pour amie. Parce que cela vous rendrait vous-même tout gris. Qu'on se mettrait aussi à prendre la couleur des murs et la transparence de la pluie.
C'était juste pour pouvoir inviter des gens à son anniversaire.
L'air de rien, elle avait fait tomber la photo de son sac. [...]
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Pourquoi, monsieur Kilic, pourquoi m'avez-vous fait cela ? Pourquoi ? Pourquoi donc ? Vous n'aviez rien à me reprocher pourtant, non vraiment, je ne comprends pas... vous n'aviez aucune, aucune raison de m'en vouloir... J'ai beau chercher et chercher encore, je ne vois pas, monsieur Kilic, ce que vous auriez pu avoir à me reprocher... Et moi, monsieur Kilic, moi, je vous l'assure, c'est bien la première fois que j'ai à me plaindre de vous... Nous étions de si bons amis, jusque-là. [...]
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Quand il entra dans son bureau, il fut d'abord frappé par le silence. Par l'inhabituelle densité du silence. Toutes les machines étaient à l'arrêt. Et désormais, tous les employés étaient partis. Il ne restait que le vieux gardien qui faisait péniblement sa ronde, et qui l'avait salué de loin, lorsqu'il s'était garé à l'entrée des bâtiments de l'administration.
On était encore en mars mais il faisait très beau. Un de ces beaux temps magiques et légers de printemps précoce qui l'aurait attiré irrésistiblement vers la mer, autrefois [...]
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Du mérite ? oui, j’en ai eu, évidemment… Une chaire d’université, et une oeuvre, oui… ce qu’on appelle une oeuvre… ajoutons quelques prix prestigieux, la notoriété, peut-être même la célébrité… Un beau parcours, pour une fille de petits commerçants… mes parents auraient été fiers, comme vous dites, s’ils avaient vécu assez pour le voir. Alors, oui, c’est sans doute ce qu’on appelle réussir. Ce que j’aurais appelé réussir, autrefois, ce que j’aurais souhaité par-dessus tout. Mais, voyez-vous, l’âge nous éloigne de nous-mêmes, et fait de nous les juges les plus sévères de ce que nous avons été. Plus sévères, sans doute, qu’aucun Minos ne le sera jamais, au soir de la pesée des âmes, car nous n’oublions rien. A quoi a-t-elle tenu, au fond, ma réussite ? [...]
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Il nous avait dit qu'il était de Grand Village... Si vous pouviez nous donner quelques renseignements ? Nous aimerions tant le revoir.. nous souhaitons lui parler... Vous comprenez, c'est cette année la dernière fois que vous venons... Nous avons séjourné à Belle-Ile tous les étés depuis cinq ans... mais nous avons décidé cette année de ne plus revenir... Et nous partons demain, voyez-vous, demain matin. [...]
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Il était 18 heures passées, un soleil rouge et glacé se couchait sur la ville, et déjà on avait tiré les stores, quand Joseph Pentecoutant se souvint qu'il avait un train à prendre. Il fut surpris de n'avoir aucune peine à se lever de ce lit de fer étroit qui était peu à peu devenu sa prison, et où sa vieille chair s'était si longtemps tourmentée d'escarres. D'un bond léger il se dressa sur ses jambes et poussa la porte. La voie était tout à fait libre. [...]
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J'ai encore fait ce rêve...
Je cherche dans le livre et... oui... c'est bien ça, la page s'ouvre juste où il faut, et... voilà... J'en suis sûre maintenant, comment ai-je pu l'ignorer ? pourquoi ai-je voulu si longtemps le nier ? c'est de Victor Hugo. Je dois me dépêcher de le lui dire : "C'est de Victor Hugo, et vous aviez raison. " Elle aussitôt me sourit, pas rancunière : " Je savais bien..." [...]
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Que l'être humain soit infiniment complexe, qu'il soit impossible de juger autrui sans se tromper, ce n'est pas à moi que vous l'apprendrez... j'ai vu tant de cas, j'en ai tant entendu, de ces plaidoiries contradictoires où tour à tour le même être vous apparaît pitoyable ou monstrueux, tandis que [...]
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Elle se souvenait très bien qu'au début, quand il avait commencé à fréquenter le bar, il venait toujours vers midi et demie. Puis, peu à peu, il avait pris l'habitude de passer bien plus tard, vers 13 heures 30, quand elle terminait son service. De s'arranger pour payer juste quand elle allait sortir prendre ses affaires, puis de gagner la rue en même temps qu'elle. Et un jour - quel jour ? elle ne le savait plus, peut-être même n'en avait-elle pas eu conscience alors -, un jour, cela avait commencé [...]
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