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Tout l'or du monde

Publié le par Carole

 mine-d-or-Penestin-juillet-2013.jpg
Pénestin, plage de la Mine d'or    
 
 
       En ce jour de rentrée, dans la tiédeur de l'été qui s'attarde, une dernière pensée de vacances, qui me revient sous l'or du soir...
      C'était en août, à Pénestin, sur la plage de la "Mine d'or".
     Il était si étrange de se souvenir qu'on avait vraiment creusé là, au XIXème siècle, au temps de ces grandes ruées qui scandèrent l'élan de l'Occident vorace, une mine d'or à ciel ouvert. Là, vraiment là, tout au bord de la mer, dans l'extraordinaire falaise rousse, coteau fossile d'un fleuve ancien avalé par la mer, trésor géologique de sédiments empoussiérés de pépites, presque un siècle durant, on avait pioché et détruit, saignant la roche. Puis la mine s'était éteinte, abandonnée, l'or ainsi extrait n'étant pas assez rentable pour répondre aux désirs d'un XXème siècle plus fiévreux et cupide encore que son prédécesseur.
 
 
    De tant d'efforts absurdes, il ne reste plus rien, que cette longue plage aux couleurs fauves, luisant dans l'or du soir au miroir des marées.
    Et ces libellules innombrables dansant sur la corniche, demoiselles très blondes dans leurs ailes de tulle à coins dorés.
    Tout l'or du monde. Celui qui ne s'achète pas. 
 
      libellule-Penestin-2-copie-2.jpg

Publié dans Fables

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Un navire

Publié le par Carole

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      Omonville-La-Rogue, église Saint-Jean-Baptiste
ex-voto à la mémoire du navire "Le Superbe", que la mer engloutit en 1795
 
 
 
On est souvent ému, lorsqu'on entre dans une église, en bord de mer, par les exvotos qu'y ont laissés les marins.
Il avançait, ce navire, tout là-haut, suspendu à son fil et noué de cordages, et si étrangement solitaire, dans le souffle noir des tempêtes et le cri grinçant des naufrages, vers ce peu de lumière que lui faisait le jour à travers le vitrail.
On le regardait s'en aller immobile, dentelé, fuselé, et captif, pris dans la toile d'ombre par les ailes inutiles de son gréement superbe, comme un insecte absurde et merveilleux, et l'on pensait à la détresse et à la foi des marins d'autrefois.
Et aussi à ce long tremblement des vivants, sur la mer de misères.
A la fragilité toujours du grand voyage humain, à bord du navire espérance.

Publié dans Fables

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Monsieur L'Ange

Publié le par Carole

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"N'y va pas
Tout est combiné  d'avance  
Le match est truqué"
Jacques Prévert, Le Combat avec l'ange
 
 
Et, avant de quitter Prévert, je voulais encore vous montrer son ange : la tendre figure de proue, le naïf cupidon d'église, le putto en costume d'Icare cloué aux poutres de vieux bois qui, au-dessus de la table de travail, courait dans un bruissement d'ailes son petit chemin d'ange, tandis que le poète, en bas, dessinait sur ses pages la trace de ses pas.
 
 
-Un ange, chez ce Prévert, chez l'anticlérical qui voulait leur "voler dans les plumes", à ces volatiles du bon Dieu ? Un ange après le combat ?
-Un ange... Pourquoi pas ?
 
Il y a toujours un ange quelque part dans la maison d'un poète. 
Sinon comment saurait-il faire aller dans son ciel les mots qu'il emprunte à la terre ?

 

Publié dans Fables

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