Un navire
Omonville-La-Rogue, église Saint-Jean-Baptiste
ex-voto à la mémoire du navire "Le Superbe", que la mer engloutit en 1795
On est souvent ému, lorsqu'on entre dans une église, en bord de mer, par les exvotos qu'y ont laissés les marins.
Il avançait, ce navire, tout là-haut, suspendu à son fil et noué de cordages, et si étrangement solitaire, dans le souffle noir des tempêtes et le cri grinçant des naufrages, vers ce peu de lumière que lui faisait le jour à travers le vitrail.
On le regardait s'en aller immobile, dentelé, fuselé, et captif, pris dans la toile d'ombre par les ailes inutiles de son gréement superbe, comme un insecte absurde et merveilleux, et l'on pensait à la détresse et à la foi des marins d'autrefois.
Et aussi à ce long tremblement des vivants, sur la mer de misères.
A la fragilité toujours du grand voyage humain, à bord du navire espérance.