Cueillir l'obstacle
Toujours il surgit quelque part pour briser ton élan.
L'obstacle.
Sous tes doigts qui luttaient, et qui croyaient toucher
le bleu dont on forge les clés,
cette morsure soudain, cette douleur fichée :
le clou de fer aigu de la réalité.
Qu'importe s'il fait mal et s'il te fait saigner,
ne va pas l'éviter,
avance loin tes doigts vers ce qui les déchire.
Car l'obstacle, l'obstacle, l'impitoyable obstacle,
il te faut le cueillir comme une épine vive.
Puis le laisser grandir comme une écorce rude
et t'en envelopper dans le froid et la faim.
L'enfiler comme un gant sur ta peau écorchée,
jusqu'à ce qu'il devienne enfin
ta propre main.