Le voyage en quatre ailes

Publié le par Carole

4 L
 
Quelquefois, comme cela, on a l'impression que les jours peuvent inverser leur cours, battre un instant de l'aile, et reprendre insouciants le chemin vers la source. 
Ainsi, hier, cette voiture ancienne désormais, autrefois si banale, garée devant la belle boutique désuète du marchand de chapeaux... m'a transportée... loin en arrière, très loin, il y a trente ou quarante ans, au temps où mes jeunes parents s'en allaient en quatre ailes vers l'avenir radieux.
Où les dames bien mises se faisaient faire pour les mariages des capelines sur mesure, où les messieurs corrects portaient chapeau de feutre en hiver, chapeau de paille en été.
Où l'on mettait des gants pour être chic et smart. Et des blue jeans pour se rendre le soir en mob dans les boums.
Où la blonde Marilyn du village gaulois portait le nom tout froufroutant de Falbala - et cela faisait sourire car on savait encore ce que le mot voulait dire.
Où l'on s'enfermait pour téléphoner dans des cabines téléphoniques à pièces qu'on appelait taxiphones, tandis que le 22 à Asnières faisait rire toute la France.
Où l'on jouait aux Mille-Bornes en chantonnant le ciel le soleil et la mer.
Où je pensais qu'il y aurait toujours des voitures à quatre ailes, pour s'envoler joyeuses sur les routes gravillonnées de rose et de bleu tendre, bordées de vieux platanes, qui menaient à demain.
 
Donc, c'était hier à Nantes, par un après-midi aussi clair qu' un matin d'enfance. Et c'était délicieux. Un petit bout de chemin vintage, gracieux comme le vol de ce petit papillon jaune, autrefois égaré sur la vitre arrière de la jeune quatre ailes, et qui était doucement venu se poser sur mes yeux.
 
Alors avec mon APN, immédiatement dégainé, j'ai capturé ce cliché qui s'est aussitôt affiché - millions de pixels - sur mon écran numérique. Il ne me restait plus qu'à l'éditer sur photoshop et à le poster sur le web.
 
Ainsi va notre esprit, qui ne cesse de balancer, inconstant papillon aux quatre ailes incertaines, d'avant en arrière, d'arrière en avant, dans le temps qui ne sait où il va.

Publié dans Enfance

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Celle de mes amis d'enfance était bleue. Un avenir radieux y brinqueballait...
Répondre
E
Par hasard sur cet article, j'ai retenu mes larmes, en plongeant dans cette nostalgie que j'ai aussi à l'esprit. La 4L, toute mon enfance. Merci beaucoup.
Répondre
C
<br /> <br /> Merci, Elmer, pour ce petit voyage chez moi dans la vieille 4L de l'enfance, qui vole toujours dans nos mémoires sur les routes ensoleillées...<br /> <br /> <br /> <br />
M
Pourquoi certaines voitures nous marquent-elles plus que d'autres ? Comme des amies perdues de vue, comme des animaux de compagnie qui nous ont quitté, on les regrette encore longtemps après leur<br /> disparition ? Dans mon cas, ce fut aussi la première voiture de mes parents, une vieille Morris d'occasion toute ronde, qui faisait un bruit de casserole mais nous a conduits jusqu'en Italie par la<br /> route Napoléon, sans faillir ou presque. Et si nous les aimions ces premières voitures, n'est-ce pas précisément parce qu'elles nous offraient la liberté, elles nous donnaient des ailes ?
Répondre
E
Quel beau souvenir.....j'ai appris à conduire et passé mon permis sur une 4L . Une voiture parfaite quant à moi!!<br /> Belle soirée Carole
Répondre
V
Trente ans en arrière, dis-tu ? Alors viens vivre ici, en Berry ! Figure-toi qu'on n'a rien fait d'aussi bien que la 4L, comme véhicule utilitaire, et qu'ici tout bon jardinier en a une - elles<br /> sont toutes crème comme celle-là, d'ailleurs - notamment mon voisin, qui a galéré pendant des mois pour trouver quelqu'un capable de lui en refaire le moteur, puis pour retrouver un démarreur, ne<br /> voulant pour rien au monde utiliser d'autre véhicule que celui-là pour se rendre dans ses potagers. On en rencontre quelques-unes du côté de bricomarché, moins briquées que celle que tu as<br /> photographiée d'ailleurs, et quelques 2CV aussi, que je regarde avec nostalgie moi aussi. Ici les gens sont conservateurs : s'ils ne roulent pas beaucoup, les voitures tiennent le coup !
Répondre
C
<br /> <br /> C'est vrai qu'on en voit à la campagne, mais comme neuves et devant une boutique de chapelier, avec, en plus, le mot "taxiphone" en reflet ? C'était, pour moi, l'association, l'accumulation des<br /> éléments qui était plaisamment "vintage". <br /> <br /> <br /> <br />
N
4l. Ma première voiture.Je tirais mon vaurien avec.J'aurais du la garder...Snif!
Répondre
C
comme tu dis, c'était hier mais c'est si bon !
Répondre
M
Une magnifique course vers le passé, beaucoup de nostalgie!
Répondre
M
Belles réflexions pianotantes et jolie photo! Photo, justement la photo retient le temps.<br /> Tes 2 dernières lignes sont très poétiques et réalistes. On peut même imaginer que le papillon est entravé dans son désir de liberté.
Répondre
M
Souvenirs brûlants.. Toujours décrits avec beaucoup de sensibilités et d'amour !<br /> Merci Carole.
Répondre
J
Ah la 4L... devant cette boutique que plus de jeunes ne fréquentent... eh oui ! Perso notre première une coccinelle ! Souvenir, souvenir... merci Carole !
Répondre
J
Nostalgie?<br /> pas le temps pour les flashback<br /> aujourd'hui le mot d'ordre c'est "marche ou crève"!<br /> (je l'aimais bien ma 4L...)
Répondre