Villa Brimborion

C'était le plein été, le chèvrefeuille fleurissait rouge, le ciel grandissait bleu - la villa Brimborion se mourait comme une vieille belle, dans ses parfums et ses bijoux. Et aujourd'hui, fouillant parmi mes souvenirs fanés, tandis qu'en plein vent de novembre l'automne m'étreint de ses bras de grisaille, de ses mains de cisailles - comme elle me semble précieuse, comme elle me semble belle et vivante, cette villa d'un autre âge où jamais je ne suis entrée, et qu'étrangle déjà, là-bas, la griffe des bulldozers. Car il n'y a rien, peut-être, de plus précieux, quand tout a disparu, que ces brimborions fragiles, babioles et bibelots du temps perdu, que le hasard, ce beau flâneur, absurde et généreux, offre à notre mémoire - en souvenir.