Pattes d'oiseau dans l'asphalte
Nos villes dorment sous l'asphalte comme des morts d'Egypte, et voguent immobiles comme des arches bitumées.
Sur le goudron du trottoir, rue Stanislas Baudry, près du café en vente aux vitres couvertes de lambeaux d'affiches, un oiseau a laissé la trace de ses pattes.
Presque rien. Les pas affolés si légers d'un oiseau jadis égaré là, dans le liquide gras et fumant. Le vacillement d'une aile, prisonnière d'une griffe engluée. L'espoir sans force d'un pauvre être meurtri. Un bout de sentier fossile dans le bois interdit des contes. Un sautillement éperdu qui ne peut plus mener à rien, et que l'on suit pourtant, un instant, du regard, comme une piste.