Le jeune arbre
Il avait d'abord poussé droit, le petit arbre, autant qu'on peut aller droit en ce monde où rien n'est vraiment droit, tant que son vieux tuteur l'avait tenu serré.
Il s'était évadé dès qu'il avait pu. Echappant à sa brève tutelle, il avait tendu le cou vers la liberté, il avait eu, dans la lumière d'été, son rond de danse et de bonheur, son tour de piste au bras du jour.
Et puis, l'âge venant de n'être plus arbrisseau et de faire sa vie dans le peuple des haies, il s'était résigné. Il était rentré dans le droit chemin - celui qui n'est jamais tout à fait droit, mais qui oblige à se tenir, à s'aligner et à marcher à l'ombre. Le général Automne l'avait soumis et dépouillé comme un autre, et, comme un autre, il s'était laissé, sans mot dire et sans courber l'échine, arracher ses galons de printemps. De son incartade domptée, il avait gardé cependant un petit air faraud, un penchant de tristesse, une ombre d'incertitude, une poussée de colère, quelques bourgeons de joie légère, et un brin d'insouciance. Il avait une allure très humaine en somme.
Et puis, l'âge venant de n'être plus arbrisseau et de faire sa vie dans le peuple des haies, il s'était résigné. Il était rentré dans le droit chemin - celui qui n'est jamais tout à fait droit, mais qui oblige à se tenir, à s'aligner et à marcher à l'ombre. Le général Automne l'avait soumis et dépouillé comme un autre, et, comme un autre, il s'était laissé, sans mot dire et sans courber l'échine, arracher ses galons de printemps. De son incartade domptée, il avait gardé cependant un petit air faraud, un penchant de tristesse, une ombre d'incertitude, une poussée de colère, quelques bourgeons de joie légère, et un brin d'insouciance. Il avait une allure très humaine en somme.