Voyant ce mannequin attendre et s'ennuyer avec tant de réalisme, et jouer à merveille son petit rôle de starlette devant le décor en noir et blanc de l'église Saint-Nicolas, tandis que les passants de la rue s'égaraient aux reflets brumeux des vitrines, je me suis demandé, comme souvent, si ce monde que nous persistons à dire moderne, n'est pas bien plutôt redevenu un monde baroque, où l'illusion s'ingénie sans fin à paraître vérité, tandis que la réalité multiplie ses reflets.
Mais ce baroque moderne est un baroque sans au-delà, un baroque kitsch qui ne nous montre que la vanité du monde, sans indiquer l'autre chemin, et ne nous fait sortir de scène que pour nous jeter aux coulisses du néant. Une perle aussi virtuelle que parfaite, d'une eau pure et aride, pour mirer notre ennui et notre âme Narcisse - et notre angoisse aussi - à l'infini de nos vitrines, de nos écrans, de nos babels de métal et de verre.