Purgatoire
Le purgatoire ? Cela existe donc puisqu'il y a un panneau...
Et, ma foi, cela ressemble diablement à la terre, ce purgatoire sale et sombre gardé par un étrange distributeur à deux fentes de ténèbres, où l'on achète sans doute des au-delà de première classe avec les gros euros qu'on introduit par l'épaisse fente du bas, et des amendes de seconde classe avec les minces centimes de cuivre qu'on place dans la fente du haut.
Cela y ressemble tellement, à la terre, que c'est certainement ici, le purgatoire... ici, oui, ici, sur cette terre des pauvres hères d'où je vous parle et vous supplie... Bien sûr, on ne peut pas distribuer à tout le monde de bons billets de première classe... bien sûr, c'est notre faute notre très grande faute, nous étions si légers, nous voyagions les poches vides, nous n'avions pas assez de monnaie, nous nous sommes contentés de glisser nos centimes dans la fente du haut, et voilà qu'on ne veut rien savoir, qu'il nous faut gagner notre peine à la sueur de nos fronts, que nous nous morfondons misérables et anxieux, exilés de nous-mêmes...
Mais, ô vous bonnes âmes du purgatoire, vous qui vous êtes arrêtées intriguées près du tronc inflexible, suivez cette flèche aussi verte et menue que notre brin d'espoir terrestre, ayez pitié, payez pour nous ! Déposez votre obole pour les prisonniers d'ici-bas ! Dans la fente du bas. En pièces de deux euros. S'il vous plaît.