Journées douceur
Journées douceur, disait ce soir la vitrine aux étoiles... Journées douceur. Et justement, c'était hier, et aujourd'hui, et encore demain, et même après-demain... c'était maintenant, juste maintenant. Je me suis arrêtée, la pensée empapillonnée par la lumière des mots.
La douceur, il me semblait que c'était un mot un peu démodé, presque niais, qui ne servait plus qu'à présenter la météo. Alors de la voir s'afficher, là, toute proche, toute rose, scintillante, invitante, cela m'avait, tout doucement, remué le coeur. Je me suis prise à imaginer ce que ce serait qu'un monde qui ferait trêve enfin de ses guerres et de ses injustices, de sa laideur, de sa sottise, de toute sa rudesse et de toute sa nuit, pour s'éveiller un beau matin douceur. Je me suis demandé comment on les vivrait, ces journées douceur, si on nous en enveloppait tout entiers, à grands plis de bonheur et à pans de sourires, si on nous en recousait nos douleurs, à long fil de tendresse... peut-être qu'on ne saurait pas, qu'on ne saurait plus...
Il n'y a pas une seconde sur la terre, pas une demi-seconde, pas un quart de seconde, qui puisse s'écouler sans violence et sans morts. Alors des journées douceur... Sottises, bavardage de commerçant, piège à rêves, et rien d'autre ! Même une heure douceur, même une simple minute douceur, ce serait un tel miracle...
Pourtant, s'il doit encore y avoir des miracles sur cette terre, seule la douceur pourra les accomplir.