Invitation
C'est le soir. Il fait triste. Il fait seul. Je marche dans la rue sur les traces de la nuit. Tout à coup sous mes pas je lis : "Invitation". Et... mais c'est qu'il y en a partout, de ces invitations, feuilles bleues de l'automne, versées sur le pavé humide. Invitation. Invitation. Ramassez, servez-vous. Invitation. Invitation.
Invitation ? À quoi ?
Au soir ? À la ville ? À la valse ? À l'automne ? À ici ? À maintenant ? À demain ? À plus tard ? À toujours ?
Invitation. Invitation. Pas d'autre précision. Invitation.
Ce sont des billets doux de la banque du rêve. Ils ont l'air authentiques. On dirait que quelqu'un bat ce soir la monnaie du possible.
Invitation ? Oui, je sais...
C'est drôle, au fond, qu'on ait éprouvé le besoin d'imprimer ces cartons et de les semer dans la ville.
Il y a donc des gens qui ne le savent pas, qu'ils sont invités, seulement invités ? Mais que chaque instant est un hôte généreux qui nous invite à vivre, à voir, à marcher, à rêver, à valser, à aimer ?
Dans la nuit et le jour, si légers, invités.