Belle vie

Publié le par Carole

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    Longtemps, passant près de cette maison de moellons, j'avais levé les yeux, confiante, vers le cartouche où son nom est inscrit. Car c'est une villa du temps où l'on donnait aux maisons des noms, comme aux châteaux, afin d'y enclore son Eden.
   J'avais toujours lu "BELLE-VIE" sur les grandes majuscules antiques à demi effacées, et je trouvais cela charmant, "BELLE-VIE", sur le front paisible de cette vieille villa solidement bâtie de moellons, mûrie et ravinée comme un fruit oublié, en son petit jardin d'où dépassait un vieux pommier. "BELLE-VIE" malgré l'âge venant, "BELLE-VIE" malgré les voies ferrées et le carrefour bruyant. "BELLE-VIE" malgré tout, contre tout, à cause de tout.
    Depuis plusieurs mois je n'étais pas revenue dans ce quartier de la périphérie.
  Il y a quelques jours je m'y suis retrouvée par hasard. La maison de moëllons n'avait pas disparu encore. Elle surplombait ce soir-là un chantier poussiéreux hérissé de gravats et de tractopelles. Devant la fenêtre où les ombres agitaient leur long visage de camarde, le vieux pommier, mort, se couvrait d'un linceul gris de lichen. J'ai voulu sottement m'approcher, lire de plus près, avant de repartir, la promesse heureuse d'autrefois...  
   Alors je me suis aperçue que que je m'étais toujours trompée : car non, cette villa ne s'appelait pas, ne s'était jamais appelée "BELLE-VIE", mais simplement, dérisoirement, courageusement, obstinément, dans ce coin laid où la ville fait sa mue et revêt lentement sa peau grise de banlieusarde : "BELLE-VUE"...
    "BELLE-VUE", après tout ce n'était pas si mal. "BELLE-VUE", tellement mieux que rien. 
   Mais comment avais-je pu me tromper si longtemps ? Et puis, est-ce que cela existait, quelque part, est-ce que cela pouvait seulement exister, est-ce que cela pouvait même sérieusement s'imaginer sur cette terre, un lieu qui se serait appelé "BELLE-VIE ?
 
    Je me suis éloignée, nostalgique. Une dernière fois je me suis retournée. Un rayon très doux du couchant éclairait obliquement les hautes lettres étroites, et j'ai lu à nouveau, très distinctement, comme si cela avait été gravé au burin de patience ou d'illusion dans mon propre coeur obstiné : "BELLE VIE".

Publié dans Fables

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E
D'une erreur , tout un rêve s'échafaude .....puis semble s'écrouler ...... Mais pourquoi la belle vie n'existait-elle pas dans cette maison au nom dérisoire et courageux , comme pour défier<br /> l'instant ? Une maison humoristique , heureuse de vivre!<br /> Douce soirée Carole
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G
Bien vue j'allais dire !
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M
Comme un besoin obstiné d'y croire, la vie est belle pour qui sait la voir!
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L
Peut-être que la maison t'a fait un clin d'oeil en affichant "belle vue" devant le chantier en cours. Mais sans aucun doute, "belle vie" est gravé à tout jamais dans le coeur de celui qui y croit.
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B
C'était "Belle-Vie", chère Carole, tu ne t'étais pas trompée, c'était la belle vie que ton inconscient souhaitait, pour les anciens occupants, pour les passants, pour toi. Cette belle erreur ne<br /> prouve-t-elle pas que nous voyons instinctivement les choses sous le jour qui nous convient? Parce qu'il est vrai que nous pouvons prolonger longtemps nos rêves, grâce au souvenir. Et, dès lors,<br /> tant pis pour la réalité!<br /> <br /> Lorraine
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A
Et en plus, le pommier est mort...<br /> Mais un rayon de soleil suffit souvent pour remettre les choses telles qu'elles doivent être...telles qu'elles sont...
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C
<br /> <br /> Une fois de plus tu as tout dit...<br /> <br /> <br /> <br />
E
as tu vu le visage derrière la vitre ? (carreau du bas droite)
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C
<br /> <br /> Oui, c'est "elle", la "camarde" du texte. <br /> <br /> <br /> <br />
M
Et si on ne voyait jamais que ce que l'on a envie de voir ?
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J
Vrai que Belle Vie sonne bien accroché à une maison... Mauvaise vision c'est Belle vue... ah merci Carole... belle fin de dimanche, jill
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M
Notre imagination nous joue parfois des tours.. et nous sommes persuadés d'avoir bien lu !<br /> Bon dimanche Carole..<br /> Avec amitiés, je t'embrasse.
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