Taches d'automne

Publié le par Carole

Taches d'automne
L'automne... ce n'est rien tout d'abord. A peine une petite tache, minuscule, bien circonscrite, presque invisible, dans l'intacte verdeur. Une tache brunâtre, cernée comme un oeil fatigué... mais vraiment si petite. Une simple tache... ou deux, peut-être. Deux, oui, on pourrait bien l'admettre, ou même trois, tout au plus. Mais vraiment pas grand chose.
L'automne, ce n'est tout d'abord presque rien. Juste un grain de rousseur sur la peau qui se hale. C'est la pluie qui fait loupe, c'est notre oeil qui larmoie, il n'y a pas de quoi, pas de quoi s'inquiéter.
Et puis... puis insensiblement. Mais est-ce qu'on sait comment ? Cela grandit et cela gagne, cela rouille, cela saigne, sous le vert qui se fripe, comme un cancer qu'on cache pour qu'il ne nous voie pas.
Jusqu'à ce qu'à la fin, tout étonnée, pelotonnée dans le vent brun d'hiver, tombe la feuille
morte.
 

Publié dans Fables

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M
Ce beau texte désespéré me parle plus que tu ne l'imagines, Carole. Mais il faut croire au printemps. Toujours.
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C
Merci d'être passée ici malgré tout. Je pense bien à toi. Oui, il faut croire au printemps !
Z
un peu moins de temps, mais toujours un plaisir de te lire. Bizarrement, je pense à une chanson de Barbara, quand elle parle de l'arrivée du mal de vivre...
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C
C'était la "saison mentale" d'Apollinaire ; est-ce la vôtre, Carole ? La feuille morte, une métaphore de nous-mêmes.
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J
L'automne surprend tout un chacun, mais il a aussi ses charmes. Faut savoir en profiter avant que ne tombe la feuille. Ton texte est empli d'une certaine mélancolie. Bon WE à toi. Bises. Joêlle
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M
l'automne, un cancer? L'automne un passage obligé, une étape avant la renaissance du phénix été!
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C
Mais notre mort aussi est une étape : pour que vivent nos successeurs, il faut que nous disparaissions.
A
L'automne ne fait que passer, pour nourrir et protéger une multitudes de petites vies qui viendront au printemps. Je peine à l'assimiler à la mort mais ton texte est très beau.
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L
Merci pour cette balade automnale, qui commence si petit et qui finit par faire flamboyer toute la nature... Belle journée Carole
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R
Le hasard. <br /> Simplement. <br /> Jorge Bolet au piano.<br /> En vous lisant, le quatrième prélude de Chopin ...<br /> Impression : il l'a composé pour envelopper vos mots ...
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A
Miracle de l'illusion du temps. Comment la feuille a-t-elle pu tomber ? Qu'est-ce qui l'y a menée ? Un jour tout est là, donné. Mais on ne sait pas comment...
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A
L’automne nous asseye de sa mélancolie. Verlaine aurait aimé, lui qui savait si bien faire chanter cette saison dans ce poème universellement connu :<br /> <br /> Les sanglots longs<br /> Des violons<br /> De l’automne<br /> Blessent mon coeur<br /> D’une langueur<br /> Monotone.<br /> <br /> Tout suffocant<br /> Et blême, quand<br /> Sonne l’heure,<br /> Je me souviens<br /> Des jours anciens<br /> Et je pleure<br /> <br /> Et je m’en vais<br /> Au vent mauvais<br /> Qui m’emporte<br /> Deçà, delà,<br /> Pareil à la<br /> Feuille morte.
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Q
C'est vrai que l'automne est tout cela, comme une maladie qui gagne... et pourtant, j'aime l'automne et ses couleurs, en oubliant que les feuilles meurent lentement.<br /> Ta page est très belle, Carole.<br /> Merci pour le partage.<br /> Bises et douce journée.
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N
Une saison vivante aussi, toute de transformations. Pendant que les feuilles se fripent, les oiseaux revenus se gavent de petits fruits, s'activent, reforment des couples, avant l'atonie de l'hiver.
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J
Ah l'automne est un chancre tout compte fait, on le trouve beau, mais... il porte la mort en lui, très beau Carole !
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