Là-haut
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Ils sont fous ceux qui vont sur les toits.
Ceux qui fuient les sous-sols et les rez-de-jardins, les sombres pas-de-porte qui n'eurent jamais d'issues, pour danser tout là-haut au côté des pigeons, des cigognes et des mouettes, comme des araignées sans fil et sans filet.
Les bras en balancier, fumistes funambules, ils marchent dans la nuit au-dessus de nos lits, juste au bord de la chute, un pied sur les étoiles, l'autre sur les ardoises qui roulent dans le noir leurs vagues grises et mornes.
Ils sont fous ceux qui croient que la vie ne vaut rien que son grand poids de vide, et qu'il faut l'affronter très haut, la liberté qui rôde, comme un félin féroce aux mâchoires d'impossible.
Ils sont fous ceux qui savent qu'on ne les suivra pas mais qui s'en vont quand même.
Ils sont fous ceux qui savent qu'il faudra bien descendre mais qui grimpent encore.
Et nous, plus fous encore, de vouloir que la peur les ramène au troupeau.