Jour de soldes
Le soleil avait beau pailleter ses joues de juin et de lumière, elle paraissait pleurer dans sa cage de verre où tout était à vendre...
Décapités, réduits à leur silhouette, ou désolés d'ennui : n'est-il pas étrange qu'ils soient, tous et toujours, sinistres, les mannequins qui se mirent-meurent dans nos rues, sous leurs vêtements neufs et pimpants ?
Il semble que désormais nous ayons l'achat triste comme vin de piquette, et qu'elle soit devenue bien morose, l'ivresse de consommer.
Roses à crédit fripées qu'on nous refourgue en soldes.
Mannequins tristes et las, vos yeux absents sont les miroirs où se reflètent à l'infini des vitrines, des vitrines, des vitrines, entre lesquelles nous errons, cherchant notre avenir, à tâtons comme au labyrinthe.
Société de consommation, disait-on doctement, vertement, verbeusement.
Et maintenant ? Consommation des sociétés ? Et après, et après ? pourquoi se taisent-ils, ceux qui parlaient si fort autrefois ? Tous ceux qui savaient tout, pourquoi ont-ils cessé de nous dire où aller ?