Opéra

Publié le par Carole

Opéra
Pour gratter sa guitare il s'était crânement assis face au grand Opéra.  
Avait posé son rond de scène sur le trottoir obscur.
Opéra de quatre sous pour sono à roulettes. 
Sur le parterre des marches où la nuit remontait sa marée de badauds, on ne l'écoutait guère. Mais il poussait quand même, bel canto de misère, sa lyrique sébile, et sa chanson tenace. 
 
Jeter son petit air dans le grand chant du monde. Donner pour pas grand chose son morceau de bravoure. Au pied des marches comme au pied de l'échelle, faire le show près des stars.
Et gratter sa guitare comme un fond de tiroir où luit, pièce de cuivre, une larme de clown. 
Avant de s'en aller.
Dans le noir.
 

Publié dans Fables

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C
On ne l'écoutait pas ? va savoir... mais au moins l'entendait-on et il a un sacré culot pour s'exposer ainsi devant le temple de la musique. Un petit David qui n'a peur de rien et qui du coup trouve une place d'honneur sur ton blog :-)
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J
Le spectacle vivant de la rue est essentiel quelque soit son niveau talent ou de professionnalisme. L'essentiel étant que ces notes, ces cris, ces gestes se mêlent aux passants et les chargent malgré eux de cette liberté devenue rare, celle de l'expression. Jonas
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J
Un sacré contraste, comme l'est souvent la vie. Il s'est peut-être dit qu'ici il y aurait des gens qui aiment la musique et qui auraient quelque argent pour l'aider à vivre ! Belle journée à toi. Amitiés; Joëlle
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M
Il éprouve encore du plaisir, celui d'interpréter la musique et cette joie est d'une importance capitale
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F
le joueur de guitare espère tjs gagner qq sous
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G
bien vu ce concert de rue
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D
c'est fou le plaisir que j'ai à vous lire. Vos mots vivent.
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C
Ce billet me fait penser à Joseph Racaille chantant "Je pars loin de toi" :<br /> https://youtu.be/U1TTugBiiIM
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A
Un poème... Un air de bravoure pour plume émérite... Un magnifique tableau montrant la beauté de l'écrit.<br /> Merci Carole !
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Z
c'est vrai qu'il y a aussi de la défiance, du panache dans le fait de s'installer là.
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Z
comme une bravade...
M
Il y en a tant ainsi qui versent leur talent sur notre indifférence, et on s'arrête parfois....
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R
Le principal est d'y croire ! <br /> Et lui, cet artiste que personne n'écoute, il y croit puisqu'il s'est assis à cet endroit précis, qui n'est évidemment pas le fait du hasard. Et qu'i y croit, me semble le plus important.<br /> Et tant pis pour les autres qui ne savent pas - et ne sauront probablement jamais -, tout ce qu'ils auront perdu à ainsi l'ignorer ...
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F
J'adore cette photo!!! Je remarque que les personnes assises sur les marches sont assez jeunes, aussi, je me demande si le guitariste ne s'est pas mis là pour les interpeller!! Mais je remarque qu'ils n'en font rien, c'est comme s'il était transparent!!!! c'est que l'on nomme "LE RACISME" non?? puisque ce mot est vulgarisé!!!BISOUS FAN
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L
Contraste entre la flamme des lampadaires et la pénombre du sombrero, contraste entre l'ample démesure des scènes vibrantes et le guttural fredonnement de la guitare, contraste entre l'indifférence du monde et le tout petit espoir d'un homme seul... Que de vérité, Carole, que de tristesse!
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A
Humble, mais artiste malgré tout. Il a quelque chose d'émouvant, cet exclu des grands plateaux, il prend sa part de prestige et de lumières, même si il fait un peu sourire. Quelle magnifique photo, Carole!
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Q
Parfois, quelqu'un s'arrête, écoute... et même s'il ne peut pas déposer une pièce, son "merci" compte un peu... ne crois-tu pas ?
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C
Devant l'Opéra, la situation n'était pas habituelle : il m'a semblé voir un dessin de Sempé.
J
Musicien méconnu, le restera ou pas... en attendant il a l'auditoire de la rue, celui qui écoute d'une oreille distraite... faut-il encore qu'il donne la pièce....
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