Pas de photos !

Publié le par Carole

squatt-evacue-rue-Crucy.jpg
 
Je passais dans la rue tout à fait par hasard. On était justement en train de jeter dans des bennes les derniers vestiges du "squat" de sans-papiers qui s'était tenu longtemps dans l'immeuble aux fenêtres murées. 
Des hommes s'activaient, se dépêchant de tout verser dans les bennes énormes. L'un d'eux m'a crié d'une voix forte, qu'il aurait voulue menaçante, mais qui n'était qu'angoissée : "Pas de photos, madame !"
Pas de photos ? C'est justement quand on vous crie cela qu'il faut en prendre, non ?
Pas de photos ? Il y a dans nos villes des étrangers misérables et venus de loin qui n'ont pas de visages. Ils dorment dans les rues, ils trouvent parfois refuge dans des immeubles sans chauffage aux fenêtres murées. On les expulse, on les rejette au trottoir. Puis on déverse dans des bennes, le plus rapidement possible, les nattes et les cartons, les planches et les sacs de plastique, tous les modestes objets qui faisaient leur logis. Et on nous crie : "Pas de photos !"
Je n'ai pas d'opinion précise à ce sujet, je n'ai pas de solution simple à ces problèmes. J'ai juste une certitude : celui qui passe par hasard, muni d'un appareil-photo, et qui voit cela se faire, celui-là n'a pas le choix : il doit prendre des photos. Pas le choix. C'est tout.
 

Publié dans Nantes

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
"Pas de photos !" La caméra est notre second oeil ; il faut s'en servir !
Répondre
F
il faut montrer la misère du monde pour peut-être faire bouger les choses
Répondre
D
Texte plein d'émotion que je ressens de chez moi !<br /> Belle journée Carole
Répondre
C
<br /> <br /> Merci beaucoup !<br /> <br /> <br /> <br />
J
Je partage tout à fait ton point de vue.<br /> MERCI
Répondre
J
Quand on sait il faut parler, quand on voit il faut montrer. Tant de journalistes sont mort pour cette idée. Tu leur rends hommage. Jonas
Répondre
M
Pas de photos?<br /> j'aurais fait comme toi. C'est un témoignage qui compte.<br /> Comme c'est triste
Répondre
M
Tout à fait d'accord, ne pas prendre de photo effacerait donc toute trace de malaise, tout problème!
Répondre
C
<br /> <br /> Oui, il faut garder la trace de ce qui fait honte. On ne peut pas se dérober quand on a un appareil-photo.<br /> <br /> <br /> <br />
H
Dans un de mes précédents commentaires, j'ai parlé de pays de liberté. Je n'ai pas pensé que prendre une photo pouvait déranger.Je n'ai pas pensé également qu'un pianiste qui fait jaillir sa<br /> musique pouvait troubler quoi que ce soit. Je partage ton mécontentement
Répondre
C
<br /> <br /> C'est un pays de liberté... parfois relative. On sait tout de même qu'il y a vraiment pire ! mais ça pourrait, disons, être mieux quelquefois...<br /> <br /> <br /> <br />
A
Je n'ai pas pensé que tu ressentais de la rage envers l'employé mais envers cet état de fait, cette abominable injustice.
Répondre
C
<br /> <br /> Juste ce constat très douloureux : nous vivons dans un monde violent et de plus insensé. Mais bien sûr, la question des migrations et celle du logement ne peuvent se résoudre en quelques lignes.<br /> On ne peut tout de même pas s'empêcher de penser qu'avec quelques efforts de la part de certains, le monde se porterait un peu mieux (et un peu, ce serait déjà beaucoup).<br /> <br /> <br /> <br />
L
En effet, pas le choix. Bonjour Carole.
Répondre
C
<br /> <br /> Merci, vos visites sont toujours agréables.<br /> <br /> <br /> <br />
A
"Indignez-vous" aurait dit Stéphane Hessel, tu as raison de le faire!
Répondre
C
<br /> <br /> Je ne sais pas si je suis "indignée". Juste stupéfaite qu'en plein XXième siècle, avec un tel niveau technologique, nos sociétés traînent encore avec elles tant de barbaries archaïques (car il<br /> n'y a pas que cette benne, qui est loin d'être le pire !). La mondialisation semble même les accentuer, alors qu'on aurait pu croire qu'elle allait unir les "Terriens". <br /> <br /> <br /> Nous ne sommes pas à quelques contradictions près : la benne que j'ai photographiée était vouée au recyclage (il faut prendre soin de l'environnement, n'est-ce pas). Mais je n'ai pas voulu<br /> montrer les noms, cela dépasse les individus. Le problème est très très au-delà de cet employé ou de cette entreprise que je n'ai pas l'intention d' "accuser". C'est vraiment beaucoup plus vaste<br /> et plus profond.<br /> <br /> <br /> <br />
E
photo pour témoigner, un droit sans doute, parfois un devoir, mais aussi honte et humiliation pour celui dont la détresse est exposée
Répondre
C
<br /> <br /> Oui, c'est l'autre versant, et qui souvent peut gêner. Mais là, pas de personnes à montrer (forcément, elles ont été expulsées).<br /> <br /> <br /> <br />
R
Ne fut-il pas un temps où l'on nous promettait des lendemains qui chantent ?
Répondre
C
<br /> <br /> Et maintenant on nous demande de déchanter en choeur. Et gare à ceux qui voudraient chanter...<br /> <br /> <br /> <br />
A
Je partage ta rage!<br /> On n'a pas le choix, on a le devoir de prendre des photos et de les diffuser partout!<br /> Quelque soit l'objet de mon billet ce soir, je mettrai ton lien à sa suite.<br /> MERCI Carole.
Répondre
C
<br /> <br /> Ce n'est pas de la "rage", car cet homme n'était qu'un employé et j'ai conscience que les squats peuvent poser problème. Comme je l'ai écrit, je ne porte pas de jugement, je me contente de<br /> témoigner d'une violence subie par des êtres très démunis (pris en charge ensuite dans une église). <br /> <br /> <br /> Disons que l'interdiction m'a poussée à prendre cette photo et à la montrer, ce que je n'aurais pas forcément fait sinon, car le cadrage n'était pas facile à réussir et en plus il pleuvait.<br /> Contre-productif, les interdictions, en somme...<br /> <br /> <br /> <br />
J
Oui Carole pas le choix, raconter témoigner "à sa façon" et montrer "la benne des rejetés"<br /> Merci
Répondre
J
Pas de photos, la honte quoi... une belle remplie de honte....
Répondre
Z
surtout qu'ils n'en font souvent rien, de ces bâtiments vides..
Répondre