Au passage
Nantes - Passage Pommeraye en travaux
Vous savez qu'on restaure le Passage. On le nettoie, on le dépouille, on le désosse et on l'abrase. Il se tient devant nous, nu comme jamais il ne l'a été, rouillé et vermoulu, aussi décrépit et flétri qu'un vieux beau sur une table d'opération.
Bientôt il n'y paraîtra plus : peintures fraîches, replâtrages et dorures auront relancé le commerce et refardé ses rides de dandy aux miroirs. Dans l'escalier du fondeur Voruz, près des enfants de plâtre badigeonnés de frais, on pourra de nouveau faire rêver Lola, et photographier sous leurs voiles les belles mariées de Nantes.
Il est comme ça, notre Passage, un peu facile un peu vénal, capricorne et caméléon, toujours à changer de visage à se remaquiller.
En attendant, c'est bouleversant d'avancer sur les poutres amincies et rongées, comme sur la corde usée du temps, parmi tant de lézards grisâtres qu'on n'avait jamais remarqués, aussi longs et pointus que ces aiguilles aiguës qu'on plante au coeur lourd et battant des horloges.