Vie perdue, la vie du jeune musicien "rrom" qui, s'il n'était pas né Rrom, serait peut-être ingénieur à Sydney, ou percussionniste à Boston ?
Vie perdue, la vie de ces passants qui s'en vont à grands pas vers ce qu'ils croient être leur travail, leurs courses, leurs rendez-vous, et qui n'est que la toile grisâtre où l'araignée du temps a capturé leurs jours ?
Vie perdue, la vie des mendiants ivres qui barbouillent la nuit sur les murs de la ville des mots bleus de mélancolie ?
Vies perdues toutes les vies peut-être, qui passent et qui s'égarent au grand trottoir des heures.
Mais si rien n'a de prix que ce qui doit se perdre,
et si ne se retrouve que celui qui s'égare,
à nos vies perdues,
à toutes nos vies
précieuses précaires,
et perdues,
je veux dédier moi aussi,
cette image
un peu floue
d'un instant
disparu,
ce cliché
retrouvé
d'un moment
égaré et perdu,
précieux et précaire,
de nos vies
éperdues.