Poussière d'aile

Publié le par Carole

Poussière d'aile
Dans mon jardin j'ai trouvé un morceau d'aile de papillon. Un haillon déchiré et fané que m'avait apporté le vent.
Je l'ai posé sur ma feuille trop blanche.
Un grand oeil bleu crevé me regardait.
Encore teinté de ciel, un bel oeil bleu profond qui avait battu l'air comme un coeur trop ardent, un triste oeil rond blessé qui frémissait au vent, plume toujours vivace de son désir lointain.
 
Que faire de l'oeil tout bleu d'une aile de papillon ?
J'ai soufflé doucement...
Le vent qui attendait l'a pris comme une vague remportant son écume.
 
Moi sur ma feuille blanche moi sur ma feuille morte
                                                                                    je n'ai plus retrouvé que les grains délicats de cette poussière brune qui sert aux papillons à danser dans le jour.
Comme une poussière d'encre qui ne pouvait écrire que ces mots déchirés, ces éclats de regret, ces fragments irisés comme une aile se brise
                                                                                                quand un regard s'éteint.

Publié dans Fables

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J
Un hommage posthume tellement beau que le papillon vit sous nos yeux ! Bonne soirée à toi. Amitiés. Joëlle
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D
'ces mots déchirés, ces éclats de regret, ces fragments irisés comme une aile se brise<br /> quand un regard s'éteint.'<br /> <br /> Je savoure, je me délecte de vos mots...
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C
Beauté bleue de l'oeil du papillon... et du vôtre !
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N
Merci, ô poète.
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A
Ne rien ajouter à tes mots si délicats posés dans un souffle...
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Q
Si beau...
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L
Cela fait si mal, un morceau de papillon! Il était né pour virevolter, butiner, rayonner dans le soleil, défier les prédateurs, se poser sur une rose. J'ai senti tes mots un à un, et ta superbe chanson triste, est un adieu profondément ressenti à cette aile de papillon. Merci pour lui, Carole.
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A
Beauté... Vérité... Merci Carole.
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R
Superbes, ces mots et votre photo !
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M
Toujours admirative de ton sens de l'observation et ta poésie.
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J
Ah cet "oeil" de papillon sensé repousser ses prédateurs... Un papillon quelle petite vie fragile, merci Carole...
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