Le houx
J'ai d'abord cru que c'était une grappe de gui parasite.
Mais non, c'était un houx qui se nichait là-haut, à la fourche énorme du plus haut, du plus vieux, du plus large de tous les platanes de l'allée séculaire. J'ignorais que les houx pouvaient s'établir ainsi, perchés sur de vieux troncs comme oiseaux sur la branche.
C'était bien un houx cependant.
Un petit houx nouveau, un enfant du hasard né d'on ne sait quelle graine, qui n'aurait pas dû vivre, mais qui s'était enraciné, tenace, ébouriffé, dans le pauvre terreau d'un ancien nid défait.
Avec toute la douceur des êtres vraiment forts, l'immense platane avait recueilli l'égaré, il l'avait bercé dans le vent comme un jeune oisillon.
Sans se demander si l'arbuste à venir allait lui prendre de sa sève, il l'avait protégé et il l'avait nourri, il l'avait installé sur ses larges épaules comme au bord d'une lyre. Et, lui, maintenant, le géant, il n'en était que plus vaste. Il n'en était que plus vert. Il n'en chantait que plus haut dans le choeur du printemps.