Top articles
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Derrière la grille
- Nantes - affiche collée sur le mur d'un porche, rue des Olivettes - Quand je L'ai vue coincée là, derrière la grille, en passant rue des Olivettes, cela m'a presque amusée. L'affiche était hideuse, et Elle se décollait déjà, incapable pourtant de s'arracher...
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Inauguration
L'affiche est déchirée, pâlie d'oubli et de soleil, piquée de rouille et de pluie brune, froissée aux mains du vent, déchirée par le temps. Mais le mot reste fièrement lisible, avec son R de naïve audace : "INAUGU R ATION" On aurait pu écrire "ouverture",...
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Blog en travaux
Chers lecteurs, Mon blog est actuellement en reconstruction : je travaille à la remise en forme de l'ensemble de mes articles passablement bouleversés par la mise à jour d'Overblog. Il ne m'est pas possible pour l'instant de répondre à vos commentaires...
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La souche et le jet d'eau
Qu'il y avait eu un décès au Jardin, je le savais déjà : j'avais vu en passant le petit tas de bûches, au pied des vieux Centaures de l'allée des camélias. Et voilà que le tronçonné, l'effacé du Jardin, le pourrissant cadavre, c'était lui. Celui qui depuis...
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Jour de soldes
Le soleil avait beau pailleter ses joues de juin et de lumière, elle paraissait pleurer dans sa cage de verre où tout était à vendre... Décapités, réduits à leur silhouette, ou désolés d'ennui : n'est-il pas étrange qu'ils soient, tous et toujours, sinistres,...
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Café du rêve
ecousent Je passais dans la rue. C'était un de ces jours où l'on se dit que rien n'arrivera, puisque tout est si laid. Soudain il y a eu ce léger souffle de vent. J'ai entendu au-dessus de moi le froufrou d'un rideau, et j'ai levé la tête : Café du rêve...
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Words
C'est tout l'art de la mode, aujourd'hui : convaincre l'acheteur qu'un objet fabriqué en usine à quelques milliers ou millions d'exemplaires fera de lui un être unique. Il y faut, après tout, du talent - l'inusable talent des rhéteurs et des Gaudissarts,...
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Exprime-toi
Exprime-toi... L'injonction se voulait bienveillante, mais elle était hérissée de pointes énergiques et comminatoires. Et le mur n'en semblait que plus sombre. Rien de plus banal du reste, aujourd'hui, que ces ordres incessants, aussi absurdes que terrifiants...
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Les murs
Au "pocheur" inconnu qui transforme en décor le ciment de la ville, et fait de nos trajets de lents chemins de ronde. A l'artiste modeste qui pose sur nos murs comme sur des cimaises ses grands cartons pensifs, peints à l'encre des nuits pour les petits...
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A quai
Un quai désert et sombre. Sur l'unique banc de fer, une femme s'assied. Agée, usée, pauvres savates aux pieds, manteau gris pauvreté sur ses épaules maigres. L'air dur, hostile. Elle mâche on ne sait quoi comme on mâcherait un mauvais coup. J'attends...
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Printemps
Posé comme un poème inachevé sur "l'aponogéton distique", le vieux nid les avait attendues patiemment tout l'hiver. Car elles rentrent toujours, les poules d'eau du Jardin, au logis des années précédentes . Mars était revenu. On les avait vu s'évertuer...
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Poissons d'avril
Tout à l'heure, j'étais à la bibliothèque. L'une des employées avait un poisson de papier accroché dans le dos. Un petit poisson maladroit dessiné par un enfant. Bien sûr, puisque nous étions le premier avril. Je me suis souvenue brusquement de ces premiers...
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Hanami 2015
花見 Hanami : fleur/regarder (traduction littérale) fête des cerisiers en fleurs soleil du soir et fleurs tombées sur son ombre penché le canard disparaît J'ai écrit ce "haiku" sous un cerisier du Japon que le soir déflorait. Je le sais, pourtant, qu'on...
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Sur le seuil
Hier soir, en fermant les volets, j'ai découvert sur le seuil un hérisson terrifié. Stupéfait de m'avoir vue surgir dans la lumière comme venue d'un autre monde, il s'était blotti dans sa peur comme au creux d'un tas d'aiguilles. Son souffle effaré soulevait...
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La colombe
Il y a des photos, comme ça, qu'on prend pour rien ˗ ou peut-être pour eux. Oui, qu'on prend pour eux, au passage - pour eux que l'on ne connaît pas, pour eux qui ne le savent pas. Simplement pour qu'elles restent posées en lieu sûr, la trace de l'humble...
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L'autre
Souvent, on voit cela, dans le tronc des très vieux arbres : un arbre de bois mort, emprisonné dans l'arbre vivant. Cadavre du jeune arbre mangé de capricornes, enchâssé comme un os dans le corps du vieil arbre encore vert. Et je me dis que vieillir,...
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Etre et entrer
Ce soir-là, au-dessus de la porte du Lieu unique, deux lettres étaient éteintes, si bien que le mot "être" apparaissait tout vif et brûlant dans le mot "entrée". Je n'avais jamais pensé à la parenté de ces deux mots. Jamais non plus imaginé qu'une présence...
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Quand tout partira au vent
Ce n'était plus là-haut qu'un morceau de carton délavé par la pluie, froissé aux mains des jours, portrait perdu d'un visage esquissé ouvrage inachevé déjà fané d'un artiste désabusé qui n'avait pas signé. Quand tout partira au vent il ne restera pouvait-on...
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Avenue Montaigne
La belle dans sa robe à 1960 euros. Le mendiant béquillant en survêt' de misère. Colocataires tranquilles du trottoir schizophrène. Cette façon qu'a le luxe de scintiller tout près de la misère... Et cette indifférence de la misère à côtoyer le luxe....
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Muguet (réédition)
C'était un sombre mai La pluie battait sur le jardin La mesure morne de l'hiver. Je n'ai trouvé dans l'herbe haute Qu'un seul brin de muguet Qui croyait au printemps. Je ne fêterai pas le mai De ceux qui rient de ceux qui croient A l'avenir radieux aux...
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Café vendéen
C'était au carrefour d'un jour de pluie, dans une rue inconnue du vieux Rezé. D'un seul coup ils ont été là, devant moi, en technicolor, sur l'écran déployé par la rue, les jours de soleil dans le claquement des lessives, les draps où les enfants se glissaient...
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L'oeuf brisé
Il gisait sur le sol. Tombé du nid ou jeté sous son arbre par un coucou du bois, il ne verrait jamais le ciel. De son désir de vivre ne restait que le bec entrouvert - béjaune de merle noir sous sa peau de caillou - , et ce fin duvet gris qu'on distinguait...
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Reflet
Ce n'était qu'un rameau glissant sur un reflet. Ce n'était qu'un reflet tombé d'une bouée. Ce n'était qu'un peu d'ombre, de plastique et d'eau sale. Ce n'était qu'un frisson où tremblait un feuillage. Mais tout à coup il m'a semblé que c'étaient elles...
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Epoca
Epoca. Des mondes arides et des vies qui attendent. L'espoir comme une voile piquée d'étoiles rapiécées. Et des coeurs cousus d'or qui n'auront pas pitié. Des vagues bleues d'acier en lames de couteaux sous les bateaux perdus. Des rivages sans ports au...
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Opéra
Pour gratter sa guitare il s'était crânement assis face au grand Opéra. Avait posé son rond de scène sur le trottoir obscur. Opéra de quatre sous pour sono à roulettes. Sur le parterre des marches où la nuit remontait sa marée de badauds, on ne l'écoutait...