Top articles
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L'Olivier
Une histoire d'arbre ? Bien sûr que je peux vous raconter une histoire d'arbre, bien sûr que j'en connais, des histoires d'arbre... Tout le monde a son histoire d'arbre, non?... Est-ce que les arbres n'accompagnent pas depuis toujours la vie des humains...
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La cloche
Le lieu avait un nom bizarre, qui nous avait bien amusés, autrefois, quand nous avions lu le panneau, à l'entrée du village : Coursillons. En fait de court sillon, c'était un gros bourg tranquille, allongé comme un ours au creux d'une vallée des Pyrénées,...
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Casimir
Nous, on y a jamais cru. Quand ils sont venus l'arrêter, qu'on l'a vu descendre de sa camionnette, tendre les mains vers les menottes, et puis s'asseoir dans le fourgon des gendarmes, sans protester, sans se cacher le visage comme ils font tous... Quand...
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Deux silhouettes dans la nuit
C'est une histoire obscure que je vais vous raconter aujourd'hui, une histoire d'autobus, de misère et de nuit. C'était hier, il était peut-être dix-neuf heures trente, en tout cas il faisait déjà sombre. Sur le quai de la Haluchère, au moment de monter...
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Pelleteuse
Lorsque le coup de sonnette ébranla la maison endormie, il était sept heures trente, et le professeur Mélian travaillait, comme tous les matins, à son grand traité "De l'isotopie du discours". Il s'apprêtait même, enthousiaste et ému, à poser les dernières...
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L'aile du printemps
Pour ce printemps errant qui pose à la fenêtre comme une aile de papillon ses yeux de soie et d'encre où tremble la lumière sur le pinceau des ombres, un haiku de Bashoo, que je viens de m'essayer à traduire : 白 芥 子 に 羽 も ぐ 蝶 の 形 見 か な shirageshi ni hane...
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Poussière de lune
Sur la piste, elle dansait seule, les yeux mi-clos. La piste, évidemment, n'aurait pas pu contenir une foule. C'était une piste de bois démontable et transportable, un plancher étroit qui n'aurait pas supporté le poids d'une foule, mais ce soir, vraiment,...
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L'invité
C'était le soir du 24 décembre. Un 24 décembre gris et froid dont les guirlandes s'égouttaient lentement, dans le brouillard stagnant et la nuit qui tombait. Je rentrais du bureau, où j'étais resté tard. J'étais parti le dernier, bien après 18 heures,...
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L'éveil
Un an déjà. Un an. Cela avait été si soudain, si incompréhensible, que cela n'était peut-être jamais réellement arrivé. Il y avait un an pourtant. Exactement. Comment pouvait-il en être aussi certain, puisque cela n'avait pas eu lieu ? Un an ? Cela ne...
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Réserve
Longtemps, j'ai été au chômage, comme tant d'autres. Puis, un jour, à bout de ressources, j'ai répondu à une petite annonce. On ne demandait pas grand chose, que d'avoir une maison, une voiture, du temps pour écouter, beaucoup de discrétion, et "du bonheur...
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Trains fantômes
Lorsque j'étais enfant, dans le garage de mon grand-père, sous la maison où nous vivions heureux, tournaient chaque dimanche des trains minuscules et parfaits, des trains qui se croisaient, des trains qui se doublaient, des trains qui s'accordaient, en...
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Les étourneaux
Monsieur Léger venait de se raser, et se penchait vers le miroir pour effacer la drôle de petite tache grise qu'il avait remarquée sur le verre, lorsqu'il crut entendre frapper à la fenêtre de la salle de bain. Il se pencha plus avant vers son image,...
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La petite flamme
C’était un pauvre stand, à l’écart de la foule, qui ne semblait intéresser personne. Partout s’amassaient des pyramides de jouets et de friandises, et les marchands criaient et appelaient, dans un fracas de couleurs et de musique. Mais dans sa baraque...
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Poussière tutélaire
Il y a au Japon, comme partout, de merveilleux noms de lieux, radieusement posés parmi leurs paysages montagnards ou maritimes, que l'histoire, comme partout, s'est chargée de repeindre avec les cendres et les pleurs de sa palette d'artiste mauvais. Ainsi,...
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Le Mur
"Ils sont là, et chaque matin semble accroître leur nombre. " (Kafka, La Muraille de Chine) . Vous devez venir de loin, de très loin, voyageur, pour ne pas connaître le Mur. D'un autre monde, peut-être ? D'un monde qui ne connaîtrait pas les murs ? De...
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La maison
Comme autrefois, ils s'étaient engagés dans le raidillon, main dans la main, d'un même pas joyeux. Comme autrefois elle avait admiré les aubépines, et elle avait cueilli quelques fleurs au passage, tandis qu'il évaluait, dans les fourrés de ronces, la...
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La glycine
Installez-vous, je vous en prie… prenez ma place à l’ombre. Ça tape, aujourd’hui… un mois de mai splendide, cette année, n’est-ce pas, un peu chaud tout de même, mais on ne va pas se plaindre… voyons, je vous en prie… installez-vous là, sous le parasol…...
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Partie de pêche
Il aime bien balancer ses jambes dans le vide. La branche bouge et grince un peu sous son poids, il a presque peur de tomber. L'arbre tremble, il ferme les yeux... il marche sur un pont de liane. Au-dessus du ravin profond où guettent les reptiles, il...
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Départ
Sur le chemin qui grimpe vers Beg Penn Hir, Fanc'h Menez réfléchit. Il va sur ses treize ans. Il est en âge. Il faut prendre un état. C'est pour cela qu'il s'est rendu à Brest, avec le père Olive, la semaine passée, sur le bateau de Yann Ar Floc'h, voir...
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La lettre
Au décès de sa grand-mère Isabelle, elle avait aidé sa mère à vider le grenier de la rue Bonhomet. Ensemble elles avaient jeté, éliminé, transporté les vieux meubles et les colifichets poussiéreux. Nettoyé, comme elles disaient sobrement. Enfin il était...
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Monsieur Diop et monsieur Kilic
Pourquoi, monsieur Kilic, pourquoi m'avez-vous fait cela ? Pourquoi ? Pourquoi donc ? Vous n'aviez rien à me reprocher pourtant, non vraiment, je ne comprends pas... vous n'aviez aucune, aucune raison de m'en vouloir... J'ai beau chercher et chercher...
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Par un soir de janvier
On n'est jamais seul avec son piano. C'était pourtant un triste soir de janvier qu'il allait passer seul encore, avec son chien et son piano. Il se mit au clavier. Un nocturne de Field, mélancolique comme une mélodie d'exil, métallique comme un ciel gris...
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Les crevettes
Elle se souvenait très bien qu'au début, quand il avait commencé à fréquenter le bar, il venait toujours vers midi et demie. Puis, peu à peu, il avait pris l'habitude de passer bien plus tard, vers 13 heures 30, quand elle terminait son service. De s'arranger...
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L'anniversaire
C'était juste pour être populaire. Populaire ? non... pas vraiment. Juste pour avoir des amis. Des amis ?.... oh non, même pas... Juste pour ne plus être celle qu'on n'invite jamais. Celle qu'on ne voit pas dans la cour du collège, la fille toute grise...
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Rue Racine
C'était un soir de mai si doux. Un soleil tiède hésitait sur le seuil, devant la porte entrebâillée, secouant la poussière comme un rideau léger. Au fond du magasin plein d'ombre, Gilbert Kaefer, le vieux propriétaire de la "Librairie classique et moderne"...