Top articles
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Sauver
Sur la fenêtre de la bibliothèque, on avait collé ces petites bandes de papier rouge. Sur chacune, qui commençait par le verbe "Sauver", quelqu'un avait écrit, à la main, ce qu'il voulait garder au fond de sa mémoire. Ce qu'il estimait le plus précieux...
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Le jardinier et son pétale
"La blanche Ophélia flotte comme un grand lys Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles." (Arthur Rimbaud) On vient d'installer au Jardin des plantes, pour l'été, ce grand "pétale" suspendu, taillé comme une fleur dans une étoffe claire aux nervures...
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L'écraseur d'heures
Quand j'ai photographié, tout à l'heure, ces enfants qui passaient, dans la nacelle de leur petite montgolfière, près de l'écraseur d'heures, sur le Manège magique, je me suis souvenue de la petite fille que j'avais vue dans le tramway, en venant. Une...
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Cadenas
L'Oeil était sur la porte et il me regardait. Il pleuvait gris et froid, rue du Vieil-Hôpital, dans ce coin sombre de la ville. C'était un grand oeil sans paupière, semblable à ceux des anciens dieux debout dans la lumière, luisant et brun comme une planète...
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Questions
"La terre est bleue comme une orange" (Paul Eluard) Aux Ateliers du Carnaval, je suis restée un moment à observer ces grandes figures encore inachevées. Entreposées côte à côte par hasard, elles avaient pourtant l'air, ainsi rapprochées, de raconter quelque...
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Une vigne... et un artiste
- Jean-Claude Vincent - "Vigne toscane" - http://jc.vincent.over-blog.com/article-les-yeux-de-carole-chollet-buisson-comme-une-vigne-douce-105107566.html#.T7GDK-h1A_c Comme une vigne douce aux mains du vigneron, Comme un fruit grandissant sous le ciel...
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Mannequins
"Le chapeau à la main il entra du pied droit Chez un tailleur très chic et fournisseur du roi Ce commerçant venait de couper quelques têtes De mannequins vêtus comme il faut qu'on se vête" Guillaume Apollinaire - L'Emigrant de Landor road Ce mannequin...
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La famille Carex
Au Jardin des Plantes où l'on avance comme en poésie, sur les chemins tournants de l'analogie, qui entraînent nos pas rêveurs. Au Jardin des Plantes vit et prospère une famille que je connais bien, pour l'avoir rencontrée souvent, en promenade dans mon...
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Le F
"CADEAU : le mot désigne d'abord une lettre capitale ornée, d'où spécialement une lettre ornée de grands traits de plume pour décorer les écritures, remplir les marges, le haut et le bas des feuilles, un trait de plume figuré que les maîtres d'écriture...
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Oribl
"L'homme habite en poète sur cette terre." (Hölderlin) Oribl, je l'avais souvent vu, à vrai dire, sur les murs de la ville. Et voilà que je l'ai retrouvé acrobate, à quelques centaines de mètres du Passage, un peu plus loin, un peu plus haut aussi dans...
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Le ciel
Depuis longtemps, en ville, je ne savais plus grand chose du ciel. Parfois j'en saisissais du regard quelques pans déchirés flottant entre de hauts immeubles, ou bien je tendais les mains vers des flaques de bleu éparses au reflet des vitrines, j'enjambais...
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Un roi
Dans son château de carton-pâte, assis sur son trône de bois blanc, vit un roi débonnaire. On le transporte sur un char comme un vieux souverain mérovingien, parmi les animaux et les enfants, dans les rues de la ville en liesse. Des fées le regardent...
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L'Empire du jeu
La foire est revenue cours Saint-Pierre, et avec elle l'Empire du jeu, petit Las Vegas en camion qui ce soir ouvrira ses portes de tôle à ceux qui croient pouvoir se fier aux hasards bien calculés du 261 et des machines à sous. Mais toi, petit enfant,...
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Rapacité
Nantes - Fresque "rapacité" - rue Corneille Rapacité, tu n'es pas un vautour, car tu changes en charogne tout ce que tu effleures. Rapacité, tu n'es pas un hibou, car dans la nuit tu ne traces aucun chemin. Rapacité, tu n'es pas même une harpie, car aucun...
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Traverser les cours
- Cours Saint-André, statue d'Olivier de Clisson - Traverser les cours saint Pierre et saint André, c'est s'aventurer dans une étrange partie d'échecs. Les pions de pierre blanchâtre sont posés chacun sur leur case, immobiles, hiératiques. Le roi au centre...
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La Tragédie
Stendhal reprochait au Théâtre Graslin de n'avoir que huit muses. Il n'avait pas remarqué sans doute que cette Tragédie, qui ouvre le cortège, est double : déesse et actrice, élégante et terrible, femme qui vient de retirer son visage d'homme, vérité...
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Cours Cambronne
Cours Cambronne on a toujours l'impression que quelque chose pourrait arriver - une fanfare va s'installer, on va monter des tréteaux pour un théâtre de marionnettes, planter un chapiteau de cirque. Des gens vont venir des faubourgs et jouer à la pétanque....
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Les miettes
Je me suis arrêtée, saisie d'une sorte de joie enfantine, devant cette clôture. Admirable clôture, en vérité, où chacun des poteaux, bien équarri et soigneusement enfoncé, de pas en pas, comme il convient aux prés que mesure l'allure simple des bêtes...
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Pattes d'oiseau dans l'asphalte
Nos villes dorment sous l'asphalte comme des morts d'Egypte, et voguent immobiles comme des arches bitumées. Sur le goudron du trottoir, rue Stanislas Baudry, près du café en vente aux vitres couvertes de lambeaux d'affiches, un oiseau a laissé la trace...
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Obséquiosité
- Parc du Petit Port - Qu'un arbre, né pour se dresser haut, et grandir compagnon des oiseaux et des astres, se laisse aller à poser genou à terre, à ramper comme un lierre, pour complaire à un très banal et sans doute provisoire réverbère, cela n'arrive...
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L'oiseau et les grilles
On voit à peine l'oiseau, perdu qu'il est au bas d'un mur écaillé, dans un angle oublié du Passage. Un peintre inconnu l'a posé là, minuscule silhouette sautillante et gracieuse. Quand je l'ai aperçu pour la première fois, tout près des grilles, il m'a...
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Etre et entrer - Les lettres éteintes -
Ce soir-là, au-dessus de la porte du Lieu unique, deux lettres étaient éteintes, si bien que le mot "être" apparaissait tout vif et brûlant dans le mot "entrée". Je n'avais jamais pensé à la parenté de ces deux mots. J'ai trouvé beau le bref message de...
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La flaque d'eau
Les villes d'aujourd'hui sont pleines de mots. Partout des lettres brillent, se brisent, s'émiettent, se recomposent, sous nos regards pressés d'automobilistes ou de piétons, ou au gré des reflets que leur tendent les vitrines et les flaques. J'ai photographié...
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Sur le pont
Lorsque je m'engage sur la passerelle extraordinairement belle, nue et grise, qui mène au Palais de Justice, je pense toujours à ce pont que traverse K., à la fin du Procès, tandis que les deux messieurs l'entraînent : "Complètement d'accord désormais,...
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La pendule - rue de Feltre
J'ai lu dans je ne sais quel magazine local l'histoire d'une pendule, achetée pour meubler une des vieilles maisons penchées de l'Ile Feydeau, qui ne voulait marcher que chez l'horloger. Une fois dans la maison, emportée par la pente comme par une vague,...