Top articles
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La colombe
Il y a des photos, comme ça, qu'on prend pour rien ˗ ou peut-être pour eux. Oui, qu'on prend pour eux, au passage - pour eux que l'on ne connaît pas, pour eux qui ne le savent pas. Simplement pour qu'elles restent posées en lieu sûr, la trace de l'humble...
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Sur le seuil
Hier soir, en fermant les volets, j'ai découvert sur le seuil un hérisson terrifié. Stupéfait de m'avoir vue surgir dans la lumière comme venue d'un autre monde, il s'était blotti dans sa peur comme au creux d'un tas d'aiguilles. Son souffle effaré soulevait...
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L'autre
Souvent, on voit cela, dans le tronc des très vieux arbres : un arbre de bois mort, emprisonné dans l'arbre vivant. Cadavre du jeune arbre mangé de capricornes, enchâssé comme un os dans le corps du vieil arbre encore vert. Et je me dis que vieillir,...
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Quand tout partira au vent
Ce n'était plus là-haut qu'un morceau de carton délavé par la pluie, froissé aux mains des jours, portrait perdu d'un visage esquissé ouvrage inachevé déjà fané d'un artiste désabusé qui n'avait pas signé. Quand tout partira au vent il ne restera pouvait-on...
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Avenue Montaigne
La belle dans sa robe à 1960 euros. Le mendiant béquillant en survêt' de misère. Colocataires tranquilles du trottoir schizophrène. Cette façon qu'a le luxe de scintiller tout près de la misère... Et cette indifférence de la misère à côtoyer le luxe....
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Les paons
J'ai peine à me souvenir, les vitres épaisses et grises de ma mémoire jettent sur ces années une trouble lumière. C'était quand j'étais tout enfant, j'habitais une école, près d'un château de briques entouré de hauts murs et d'arbres très âgés hochant...
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La brisure
Il pleuvait. A verse et à tristesse. Tout près de la statue veillaient ces canards bruns. De la même couleur exactement que la forme de pierre. Et comme elle immobiles au-dessus du bassin où ricochait l'averse. C'était une si belle harmonie, un si délicat...
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Blog en travaux
Chers lecteurs, Mon blog est actuellement en reconstruction : je travaille à la remise en forme de l'ensemble de mes articles passablement bouleversés par la mise à jour d'Overblog. Il ne m'est pas possible pour l'instant de répondre à vos commentaires...
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Derrière la grille
- Nantes - affiche collée sur le mur d'un porche, rue des Olivettes - Quand je L'ai vue coincée là, derrière la grille, en passant rue des Olivettes, cela m'a presque amusée. L'affiche était hideuse, et Elle se décollait déjà, incapable pourtant de s'arracher...
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La souche et le jet d'eau
Qu'il y avait eu un décès au Jardin, je le savais déjà : j'avais vu en passant le petit tas de bûches, au pied des vieux Centaures de l'allée des camélias. Et voilà que le tronçonné, l'effacé du Jardin, le pourrissant cadavre, c'était lui. Celui qui depuis...
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Les murs
Au "pocheur" inconnu qui transforme en décor le ciment de la ville, et fait de nos trajets de lents chemins de ronde. A l'artiste modeste qui pose sur nos murs comme sur des cimaises ses grands cartons pensifs, peints à l'encre des nuits pour les petits...
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A quai
Un quai désert et sombre. Sur l'unique banc de fer, une femme s'assied. Agée, usée, pauvres savates aux pieds, manteau gris pauvreté sur ses épaules maigres. L'air dur, hostile. Elle mâche on ne sait quoi comme on mâcherait un mauvais coup. J'attends...
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Printemps
Posé comme un poème inachevé sur "l'aponogéton distique", le vieux nid les avait attendues patiemment tout l'hiver. Car elles rentrent toujours, les poules d'eau du Jardin, au logis des années précédentes . Mars était revenu. On les avait vu s'évertuer...
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Doux
Qu'il soit doux, ce Noël, qu'il soit naïf et beau Qu'il batte d'espérance comme l'aile d'un ange. Qu'il joue son air de joie sur le petit banjo À cordes de nuages à plumage d'enfance Qui fait danser le monde et fait tourner les ombres. Si les hommes sont...
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26 novembre
Des ogres qui dévorent et des ogres qui meurent. Des accidents, des morts, des voix à la radio et des images à la télé. Des mots qui hurlent et des femmes qui pleurent, des lèvres qui murmurent des mélodies d'amour, et des fanfares tranquilles qui s'assoient...
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Le dieu dans l'arbre
On l'avait tronçonné étêté amputé retaillé et scalpé... et, contre toute attente, on avait libéré le dieu qui se cachait dans l'arbre. Etirant dans l'air bleu ses grands bras engourdis aux paluches de gorille, humant le ciel de ses naseaux d'ours, secouant...
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Noir et blanc, blanc et noir
. Noir et blanc. Blanc et noir. Droite et gauche. Gauche et droite. Bure et plumes. Plumes et bure. Rude et tendre. Tendre et rude. Bons voisins. En damier. Au balcon. Font la paire. Différents. Vont ensemble. Sous le vent. Se ressemblent. Même vie. Même...
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Se dieu qie pour eux
. Lorsqu'on visite, à Bex, en Suisse, les mines de sel creusées au coeur des Alpes, on éprouve des sentiments si mêlés... De l'admiration, bien sûr, une immense admiration, pour ce travail tellement humain qui semble tellement surhumain - des kilomètres...
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L'unijambiste
. Unijambiste aussi manchot Par tous les vents pantin du pauvre Varapeur fou vaillant grimpeur A la conquête du bonheur Crâne de bille et vide en tête Sac à papier comme il s'entête. *** Que la chance te soit Bel escalier de soie Ou rude noeud de cordes...
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A la renverse
. Se laisser renverser, se laisser emporter, se laisser secouer. Se laisser bousculer, se laisser remuer. Ricocher. Jeter en tournant sur soi-même les vilains uniformes de chiffons couleur trouille qu'on avait emportés. Bondir un peu plus haut, et, pivotant...
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Des femmes de fil
. La bobine tournoyante d'où s'élance le fil, empruntant le chemin compliqué et patient qui lui fait un destin. La canette et le guide-fil. Et la machine grise, vaillant petit dragon labourant sans répit avec ses dents d'aiguille le tissu remâché sur...
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Des vies
. En face de moi, dans le tram, pourquoi parle-t-il aussi fort, cet homme qui vient de s'asseoir et qui téléphone ? Il parle une langue que j'ignore une langue d'Afrique dont il souligne si bien les accents, à grand renfort de gestes et d'intonations...
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Lire ?
. En dégustant ce livre de bon cru, qui n'est pas, qui ne veut pas être un recueil de maximes, mais où tout tend, irrésistiblement, à se cristalliser en maximes et sentences, je me suis souvenue que c'est une particularité notable de tous les ouvrages...
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Pourquoi nous l'aimons
. Ici, à Blois, nous l'aimons tous. Antonietta. Elle est notre Joconde, qui nous sourit derrière sa vitre, dans tous les reflets du château. Fille velue d'un père velu, on l'avait offerte à un roi, qui en avait orné sa cour, comme d'une curiosité rare...
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More living
. Au château de Blois, il y a aussi ce tableau, si extraordinaire, dans sa naïveté de vitrail : c'est une représentation, par un élève d'Antoine Caron, de la décapitation du grand Thomas More, l'inventeur du mot "utopie", qui avait eu le courage de s'opposer...