fables
Dans le bus tout à l'heure, voilà que s'assied près de moi, pour le plus grand inconfort de mes narines, un gros très gros homme qui tient dans ses bras un tout petit petit chien.
Il parle sans cesse au chien qui s'agite et se frotte contre lui, il lui explique qu'ils vont faire "miam miam", qu'ensuite ils rentreront... tout un bavardage de mère tendre, qu'il débite de sa rude voix de rogomme. Et il embrasse à tout instant son petit chien.
A l'arrêt "Chocolaterie", un jeune clochard est resté assis seul sur le banc. Il est occupé à boire une bière en canette. Mon voisin l'a reconnu, il frappe bruyamment sur la vitre jusqu'à ce que l'autre le salue. C'est, manifestement, quelqu'un qui tient à ses amis. Et quand le bus redémarre il reprend son babil, caressant, embrassant et câlinant comme un bébé son petit chien.
Sur la peau découverte de ses mollets enflés, j'aperçois maintenant avec crainte une sorte de tumeur, qui me fait penser à un mélanome. J'ai envie de l'avertir, mais je n'ose rien dire. Et puis, il sait peut-être déjà, évidemment qu'il sait.
Lorsqu'il descend, à l'arrêt suivant, je le regarde s'en aller sur le trottoir, tandis que le petit chien, heureux de sa liberté retrouvée, court autour de lui. Il marche avec beaucoup de peine. Son ventre est si extraordinairement lourd et proéminent qu'il pend littéralement, soulevé par une sorte d'immense hernie, au-dessus de ses jambes, indécemment nu sous le tee-shirt trop court.
Je pense, en le voyant ainsi pousser devant lui son ventre comme un bagage aussi encombrant que dérisoire, qu'on rencontre rarement des êtres aussi malades, aussi abîmés, aussi déshérités, aussi... Mais pendant que je me fais ces tristes réflexions, lui, joyeux, il prend le petit chien dans ses bras, il lui sourit et il le pose sur son ventre monstrueux.
Alors soudain, à son poignet, je vois briller sa gourmette.
Il y a un nom, presque effacé sur l'argent usé, je le sais, je l'ai lu tout à l'heure : il s'appelle Michel.
Michel.
Mon histoire est sans intérêt ? En effet. Et cela vous est bien égal, qu'il s'appelle Michel ou Oscar, l'homme au petit chien. Bien sûr.
Alors pourquoi avoir pris la peine d'écrire tout cela ?
Mais à cause de la gourmette, et du petit chien. A cause du petit chien, et de la gourmette, et parce que tout homme qui a un nom, tout homme qui a été enfant, tout homme qui aime comme un enfant, mérite qu'on l'appelle par son nom. Surtout lorsque ce nom s'est presque effacé, sur la gourmette usée que la misère ou la mort, bientôt, viendra lui arracher.
Foxtrot
Foxtrot... "je suis désemparé, communiquez avec moi". Foxtrot.
C'est si étrange, ai-je pensé, qu'il sonne comme un piano de ragtime, le pavillon des détresses. Si étrange, qu'il ait l'air de danser, qu'il ait l'air de chanter dans la lumière des vagues sur la scène des tempêtes, qu'il ait l'air insouciant comme carte battue rebattue dans le vent.
Mais soudain, il m'a semblé les voir, il m'a semblé nous voir, tous, sur les eaux remballées de plastique, sur les vagues au pétrole des mers devenues folles - milliers millions milliards de navires solitaires, hissant haut leurs couleurs en as de carreaux frénétiques, et chacun s'efforçant de parler de chanter de danser d'appeler, au son de piano déglingué des villes infinies, dans le fracas des icebergs écroulés et le chaos des foules inquiètes.
"Je suis désemparé, communiquez avec moi moi moi". Foxtrot Facebook Twitter. Foxtrot. Foxtrot.
Le souffleur de verre
Je n'avais jamais vu cela.
Le grain de pâte grise s'éveillant transparence en tournant dans la flamme.
La boule transparente grandissant sous le feu comme une fleur naissante.
La fleur mûrie enflée arrondissant ses flancs au souffle caressant d'un long roseau d'acier.
Le ventre rond du fruit se pressant dans un moule de bronze pour s'enfanter lui-même.
Et les pinces de fer lui sculptant au forceps une taille de guêpe et un fin col de cygne pour en faire sur la table la carafe de cristal où se boira le vin, où trempera le ciel.
Je n'avais jamais vu la matière s'éveiller dans le feu, sur le fer et le bronze, au souffle sûr et mesuré d'un homme qui jouait comme on rêve sur sa flûte vivante.
Non, tout cela, je ne l'avais jamais vu. Mais en regardant tout à l'heure travailler le jeune souffleur de verre qui nous montrait son art, j'ai cru que j'étais revenue aux premiers temps du temps. Dans l'antique saison où se firent les noces de l'homme, du feu, de l'air, et de la terre des métaux et des sources.
Et je me suis souvenue que chaque objet de notre monde, même le plus récent, même le plus frivole, même le plus savant, est né alors.
Et qu'il est né, autant que d'un besoin, bien plus que d'un besoin, d'un rêve.
De ce rêve très ancien, continué jusqu'à nous, que filèrent ces hommes, assis face à un feu sur la terre pigmentée, qui jouaient de la flûte en caressant le fer, en écoutant les sources, en regardant le ciel. De ce travail de ces hommes, patients et obstinés, qui apprirent lentement à façonner les songes.
Souvenir
Quelques heures, quelques minutes plus tôt, sous sa lumière d'été, il avait été si vaste, si haut, si réel et si nécessaire dans ses escaliers en lézards et ses vieilles pierres chaudes, si vivant et grouillant dans son flot de touristes.
Sur le chemin je me suis retournée. Je sais qu'il ne faut pas. Mais je me suis retournée.
Dans le silence et dans la brume, il n'était déjà plus au loin qu'une ombre vague, que d'autres ombres recouvraient.
Un souvenir, ai-je pensé.
Poussière d'aile
Dans mon jardin j'ai trouvé un morceau d'aile de papillon. Un haillon déchiré et fané que m'avait apporté le vent.
Je l'ai posé sur ma feuille trop blanche.
Un grand oeil bleu crevé me regardait.
Encore teinté de ciel, un bel oeil bleu profond qui avait battu l'air comme un coeur trop ardent, un triste oeil rond blessé qui frémissait au vent, plume toujours vivace de son désir lointain.
Que faire de l'oeil tout bleu d'une aile de papillon ?
J'ai soufflé doucement...
Le vent qui attendait l'a pris comme une vague remportant son écume.
Moi sur ma feuille blanche moi sur ma feuille morte
je n'ai plus retrouvé que les grains délicats de cette poussière brune qui sert aux papillons à danser dans le jour.
Comme une poussière d'encre qui ne pouvait écrire que ces mots déchirés, ces éclats de regret, ces fragments irisés comme une aile se brise
quand un regard s'éteint.
Là-haut
.
Ils sont fous ceux qui vont sur les toits.
Ceux qui fuient les sous-sols et les rez-de-jardins, les sombres pas-de-porte qui n'eurent jamais d'issues, pour danser tout là-haut au côté des pigeons, des cigognes et des mouettes, comme des araignées sans fil et sans filet.
Les bras en balancier, fumistes funambules, ils marchent dans la nuit au-dessus de nos lits, juste au bord de la chute, un pied sur les étoiles, l'autre sur les ardoises qui roulent dans le noir leurs vagues grises et mornes.
Ils sont fous ceux qui croient que la vie ne vaut rien que son grand poids de vide, et qu'il faut l'affronter très haut, la liberté qui rôde, comme un félin féroce aux mâchoires d'impossible.
Ils sont fous ceux qui savent qu'on ne les suivra pas mais qui s'en vont quand même.
Ils sont fous ceux qui savent qu'il faudra bien descendre mais qui grimpent encore.
Et nous, plus fous encore, de vouloir que la peur les ramène au troupeau.
Un travailleur de l'ombre
En France on manque d'entrepreneurs mais il travaillait dur, penché sur sa poubelle, devant la voiture bar. Précis et minutieux, il extrayait les canettes au fond clapotant, les morceaux de sandwichs auréolés de gras, les trognons de pommes roussis et les bouts de mégots remâchés, qu'il entassait dans son sac de plastique. Il faisait sa cueillette, en somme, gratis et sans vergogne, avec la compétence et le coup d'oeil des chasseurs-cueilleurs d'autrefois, raclant les fonds des petits trésors sales d'un monde dur aux hommes.
Cela vous dégoûte peut-être ?
Pourtant, il travaillait très proprement, avec ordre et méthode. Triant et vérifiant, choisissant et stockant, en ménagère soigneuse. Assurant ses arrières, et sa poire pour la soif, en remplissant son sac des déchets de nos vies. Satisfait finalement de se trouver prospère, dans sa petite épargne.
C'est qu'il s'y était fait, semaine après semaine, mois après mois, année après année, et toute honte bue aux litrons de hasard, à siffler les fonds de canettes, à sucer les mégots, à se régaler des trognons, à picorer les miettes, en oiseau de misère, en pilier de trottoir.
Un travail comme un autre. Puisqu'on vous dit qu'un apprenti sur deux doit devenir patron... C'était un vrai patron, l'apprenti de la cloche passé vieillard clochard.
On s'habitue à tout, paraît-il.
Et je ne sais vraiment pas si cela doit nous consoler, ou s'il faut en pleurer.
Mais je crois bien que j'ai failli pleurer.
Mimétisme
Il attend immobile sous son habit d'automne, certain que je ne le verrai pas.
Puisqu'il s'est changé en feuille.
Mais moi qui l'ai vu tout de même je m'accroupis pour mieux le voir,
et en rêvant je me demande, tandis qu'il tremble sous mon ombre
si c'est le lézard qui fait semblant d'être feuille
ou bien si c'est la feuille qui fait semblant d'être lézard.
Si c'est le monde qui fait semblant d'être un artiste
ou si ce n'est pas l'art qui fait semblant d'être le monde.
Je ne sais pas, je me demande...
Est-ce le miroir qui crée l'image, n'est-ce pas plutôt l'idée d'image qui crée l'idée de miroir ? ... étendant sur son corps de feuille ma grande ombre lourde d'humain, j'hésite et m'interroge...
Alors lui, aussi malin, aussi léger que le papillon de Tchouang Tseu,
me laissant sans réponse, le voilà qui s'enfuit.
Tout simplement.
Se dieu qie pour eux
.
Lorsqu'on visite, à Bex, en Suisse, les mines de sel creusées au coeur des Alpes, on éprouve des sentiments si mêlés... De l'admiration, bien sûr, une immense admiration, pour ce travail tellement humain qui semble tellement surhumain - des kilomètres de hautes galeries ouvertes dans la pierre avec de simples maillets. Des siècles d'effort tenace et continué, comme un legs de force et de volonté.
Mais on se sent aussi une forme d'angoisse, presque d'horreur, à imaginer le sort atroce des mineurs, pauvres nains de la terre, engloutissant dans la montagne leurs forces et leur vie toute entière, aussi prisonniers des sentiers de la nuit que l'oiseau dans sa cage attendant le grisou.
Puis on se penche vers ce qui d'abord semble une pierre tombale.
Et on lit : "Se dieu qie pour moet" . On ne comprend pas tout de suite : il faut prendre le temps d'écouter la voix de celui qui, revenant des entrailles de la mine, donna encore de sa fatigue pour graver cela - en lettres de latin, en travail de romain et manière de Maxime.
C'est Dieu qui est pour moi, quié pour moi, qui est pour moet...
Une voix du passé, avec son accent vaudois d'"aou"1684, que son ignorance des règles a fixée sur la pierre avec une exactitude saisissante.
On l'écoute dans l'ombre - et aussitôt on le voit, il se tient là, vivant, ce Roche, nain découvreur de trésors, si joyeux de la source tombée sous sa cisette, si heureux de sa veine, pour un soir ou pour une semaine, qu'il en a oublié tout le poids de sa vie, qu'il chante et danse et qu'il se croit béni.
Et on se dit que rien n'aurait pu se créer, sur cette terre, ni les mines ni les palais, ni le labour des champs, ni l'aventure des mers, sans ce pouvoir des malheureux de racler quelquefois la saveur du bonheur dans leurs mains fatiguées - le pauvre grain de sel si durement sué qui leur donne la force de continuer encore - pour unique salaire, quand la trique du maître et le fouet de la faim auraient dû les abattre.
Alors on a envie de pleurer. Parce que c'est affreux. Mais que c'est merveilleux. Que c'est dans tous les contes. Que c'est cela qui les fait pour toujours divins, les nains qui bâtissent dans l'ombre des mondes de géants. Que se Dieu qie pour eux.
Qu'ils sont tout le sel de la terre.
La blanche neige de la joie.
Et merci à Nathalie... http://www.leregional.ch/N42947/je-m-interessais-a-decouvrir-le-sous-sol.html
Isabelle
Elle s'appelait Dolly. Elle était mignonne et avenante, on lui criait "Hello" et on sifflait quand elle passait dans les rues. Mais elle a vieilli, s'est empâtée de rouille et aujourd'hui, elle se traîne en épave, morose et grisonnante, derrière ses deux chevaux boiteux. Loin du périphérique et bien loin de Paname. Comme mon Isabelle.
Mon Isabelle. Vous ne la connaissez peut-être pas encore... Il y a des années pourtant que nous vivons ensemble. En tout bien tout honneur, n'allez pas croire ! Des années... seize ans ? dix-sept ans ou dix-huit ? je ne sais plus très bien...
C'est une vieille ZX. Autrefois vert forêt, elle est aujourd'hui vert bouteille - de ce vert incertain que prennent les bouteilles échouées au fond des océans. Je l'appelle Isabelle depuis que j'ai découvert, sous mon siège, la photo de la précédente propriétaire, une photo d'identité, montrant une très vieille dame à cheveux très blancs. Au dos de la photo, il y avait son nom, Isabelle X... - le même nom qui figurait sur les papiers qu'on m'avait remis, chez le marchand d'occasions. Je me suis demandé si la voiture d'Isabelle n'avait pas été vendue après son décès. Et j'ai pensé que si je la conservais longtemps, Isabelle vivrait encore un bon moment après sa mort. Je suis quelqu'un qui a ce genre d'idées. En fait, je suis surtout quelqu'un qui aime garder les objets, même vieillis, démodés et cassés, quelqu'un qui ne se décide jamais à jeter, quelqu'un qui entasse au grenier tout ce qu'on ne répare plus - aujourd'hui qu'on ne répare plus rien. Voilà comment je suis.
Quant à mon Isabelle...
...mon Isabelle, vieille dame de vingt-quatre ans bien sonnés, se hâte lentement vers ses vingt-cinq, mais elle est encore verte, comme je vous l'ai dit. D'habitude, préférant ronronner quand je l'emmène en promenade, elle parle peu, jamais pour ne rien dire et jamais pour se plaindre, seulement pour m'annoncer que le niveau d'huile s'effondre ou que le radiateur s'échauffe et que nous ferions mieux, tout compte fait, de rentrer au bercail. Une brave bête de voiture, comme vous voyez. Le bon cheval, comme on dit.
Or voilà que depuis un mois Isabelle ne cesse plus de fulminer. Voilà qu'Isabelle, qui pourtant ne lit pas les journaux, et qui depuis des années n'a plus la radio, vient d'apprendre qu'on ne veut plus d'elle à Paris. Elle a passé, c'est évident, les dix-neuf ans fatidiques : elle est trop vieille, elle est trop sale.
- Sale ? Moi ! moi qui ne dors qu'à la belle étoile, moi que lavent les pluies d'été et que la mousse habille pour l'hiver ! Moi qui ne crache qu'un peu d'huile et ne fume que du bleu ! Moi qui m'économise et ne sors qu'en cas de besoin, moi qui ai grillé dans ma vie entière à coup sûr moitié moins de pétrole qu'un de leurs quatre-quatre du XVIème en seulement une année...
Isabelle est vexée, Isabelle se déprime.
Isabelle, pourtant, ne va jamais à Paris. Ou, si d'aventure elle s'y risque, n'y circule qu'en taxi. Isabelle est une vieille dame raisonnable, qui sait bien que ses rhumatismes exigent beaucoup d'huile, que les embouteillages lui donnent une soif atroce. Comment aurait-elle l'imprudence de se mêler à l'agitation d'une grande ville, elle qui ne trottine plus guère, tout doucement, que jusqu'au supermarché ou jusqu'à la bibliothèque du quartier ?
Mais voilà, Isabelle est offensée. Isabelle est angoissée. Je n'arrive pas à lui faire entendre raison.
- Aujourd'hui, gémit-elle, on m'interdit d'entrer à Paris, et demain, demain, c'est sûr, on m'euthanasiera !
- Isabelle, voyons, tu sais bien que jamais je ne...
- On m'euthanasiera, je te dis... et c'est toi-même qui me mèneras au boucher. Un jour, tu feras semblant d'aller chercher des pommes, ou un livre que tu as déjà, et tu me conduiras à l'abattoir... pour une prime, ou pour rien, juste pour en reprendre une autre, une jeunette fringante qui aura le droit d'aller partout...
- Un procès d'intention ! Isabelle, je n'ai pas mérité... moi qui t'ai toujours bichonnée, entretenue à grands frais, moi qui jamais n'ai consenti à me séparer de toi...
Mais Isabelle n'en démord pas. Isabelle ne cesse plus de grogner. Isabelle est déprimée.
Parfois, quand l'énergie lui revient un peu, elle se met à philosopher :
- Pourtant, ils ont une âme humaine, les objets...
- Bien sûr, tout le monde sait cela : "Objets inanimés, avez-vous donc une... "
Mais elle m'interrompt, furieuse :
- Non, pas l'âme sotte et sentimentale que leur prêtent les poètes, avec leur manie de tout éthérer.. mais l'âme forte et solide que leur donnent tout à la fois le travail qui les fabriqua, l'ingéniosité qui les imagina, et la souffrance ou le simple besoin qu'ils apaisent. Ils sont humains, les objets des humains. Et vous, ingrats, vous ne songez qu'à les jeter pour les remplacer par de plus neufs, que vous croyez meilleurs, que vous trouvez plus propres, tandis que vos déchets s'accumulent, hideux, toxiques et étouffants, sur une terre qui n'en peut plus de donner ses entrailles...
Si seulement, sots que vous êtes, vous compreniez qu'il faudrait les soigner et les réparer, les conserver et les amender, les épargner, surtout, et ne les employer qu'à bon escient, les objets que vous avez fabriqués avec tant de peine, plutôt que de les gaspiller et de les mépriser, et vous précipiter, comme s'ils allaient résoudre vos problèmes, sur de nouveaux produits dont vous ferez aussitôt de vieux déchets tout neufs !
Voilà comme elle m'assomme tous les jours, mon Isabelle.
Et moi, bien que je la trouve très injuste, et que ses jérémiades fassent mûrir dans mon esprit sournois le projet de la remplacer bientôt par une plus jeune et plus joyeuse, je me dis quelquefois qu'elle n'a pourtant pas entièrement tort, mon Isabelle...