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Le fou

Publié le par Carole

    Parfois, venus de très profond, de ces eaux noires alourdies de reflets où on les croyait pour toujours engloutis, des souvenirs remontent.
   Celui-ci, par exemple, a surgi tout à l'heure, solitaire et bizarre comme un poisson des abysses. Je ne saurais vous dire quel hasard, ou quelle nécessité secrète, l'avait saisi dans son filet pour l'amener tout vivant jusqu'à moi. Enfin, tel qu'il est, ce souvenir étrange, apeuré et fuyant, un peu sombre, un peu monstre... je vous le livre [...]
 
Suite du récit à lire sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com

 

 

Publié dans Récits et nouvelles

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Grillage

Publié le par Carole

pluie---octobre.jpg
 
A mailles de grisaille
la pluie calme bergère
tricotait un grillage
pour y parquer le jour.
 
Le spleen en roi pêcheur
nouait ses vieux filets
pour prendre dans les flaques
nos âmes sans reflets.
 
Et les rivières du temps
et les heures transhumantes
secouaient dans le vent
la corde de l'attente.
 
Et nous têtes baissées
marchant dans la bourrasque
piétinant nos regrets
comme un troupeau d'hiver.

 

Publié dans Fables

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A la fenêtre de l'automne

Publié le par Carole

ombres-chinoises-recadre.jpg
 
Dans le ciel fauve et noir
je l'ai vu qui cognait
comme un ballon perdu
à la fenêtre de l'automne.
 
Les feuilles de la nuit
repoussant sa prière
déchiraient son visage.
 
Il est tombé meurtri
comme un soupir
entre leurs griffes.
 
Caillou de feu brisé
une étincelle en pleurs
a couru sur le fleuve.
 
J'ai écouté là-bas
le frisson de l'hiver
ricocher sur l'eau lente.
 
Ce n'était rien.
Juste l'été
qui venait 
de
mourir.

 

 

 

Publié dans Fables

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Ballons

Publié le par Carole

ballons-photoshop-copie.jpg
 
Je passais ce soir sur le pont Haudaudine. Le soleil se couchait tout rêveur, de grands vols de nuages migrateurs s'en allaient dans le ciel.
Tout à coup ce mot a bondi sur le parapet : "ballons".
Et le soleil là-bas si rond. Et les nuages si légers.
Et la coupole au loin de Notre-Dame-du-bon-port.
Et la nuit doucement descendant sur son fil.
Et cet instant roulant de la lumière à l'ombre.
Ballons.
 
soleil-pose.jpg

Publié dans Nantes

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Une ombre sur le mur

Publié le par Carole

ouvrier---ombre---Graslin.jpg
 
   Je croyais achevée la restauration de notre vieil opéra Graslin... Mais il paraît qu'on n'a pas tout à fait fini de le remaquiller. Debout sur sa nacelle, un ouvrier travaillait hier à masquer de blanc les joints de ciment des colonnes. Et son ombre avec lui travaillait sur le mur, juste au-dessous du nom prestigieux de Crucy - l'architecte des Lumières qui nous légua le fameux monument aux huit Muses.
   La nacelle avançait, le pinceau besognait, l'ombre peinait comme elle aurait dansé, suspendue au soleil qui frappait la façade.
 
   Il n'était pas de ceux dont on retient le nom, celui qui devant nous travaillait comme une ombre.
   Mais sa silhouette obscure imprimait sur le mur la belle forme humaine, unique et si vivante, des armées d'ouvriers qui bâtissent en ce monde les monuments, les gloires, et les réputations.
  Funambule laborieux, il nous peignait là-haut, étiré comme un fil au bord de son pinceau, le geste universel du grand effort humain qui se trace dans l'ombre.
 

Publié dans Nantes

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Le radis

Publié le par Carole

    A peine un petit quart d'heure qu'il est là, à traîner dans les rayons. Mais rien à dire, il a déjà bien travaillé. Pas perdu son temps, ce matin. Il a commencé par pousser son chariot jusqu'au rayon chocolat. Il a fait semblant de s'intéresser à la composition [...]
 
Suite du récit à lire sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com

Publié dans Récits et nouvelles

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Invitation

Publié le par Carole

invitation.jpg
 
C'est le soir. Il fait triste. Il fait seul. Je marche dans la rue sur les traces de la nuit. Tout à coup sous mes pas je lis : "Invitation". Et... mais c'est qu'il y en a partout, de ces invitations, feuilles bleues de l'automne, versées sur le pavé humide. Invitation. Invitation. Ramassez, servez-vous. Invitation. Invitation.
Invitation ? À quoi ?
Au soir ? À la ville ? À la valse ? À l'automne ? À ici ? À maintenant ? À demain ? À plus tard ? À toujours ? 
Invitation. Invitation. Pas d'autre précision. Invitation. 
Ce sont des billets doux de la banque du rêve. Ils ont l'air authentiques. On dirait que quelqu'un bat ce soir la monnaie du possible. 
Invitation ? Oui, je sais...
C'est drôle, au fond, qu'on ait éprouvé le besoin d'imprimer ces cartons et de les semer dans la ville. 
Il y a donc des gens qui ne le savent pas, qu'ils sont invités, seulement invités ? Mais que chaque instant est un hôte généreux qui nous invite à vivre, à voir, à marcher, à rêver, à valser, à aimer  ?
Dans la nuit et le jour, si légers, invités.
 

Publié dans Fables

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Bagad géant

Publié le par Carole

manifestation-bretagne-bagad.jpg
 
J'avais à faire en ville cet après-midi... je n'y songeais plus... Et soudain je les ai entendus. Un bagad, ai-je pensé, un immense, un extraordinaire bagad !
Bien sûr, c'était eux... les Bretons... c'était la manifestation pour la réunification de la Bretagne.
Il paraît que vingt ou trente mille Bretons sont venus aujourd'hui pour clamer et sonner que Nantes, la vieille capitale des Ducs, devait redevenir bretonne – "Naoned e Breizh ! Naoned e Breizh !"
C'est une question qui, pourtant, ici, n'unit pas tout le monde... qui même, pour tout vous dire, divise beaucoup plus qu'elle n'unit...
Aussi n'est-ce pas du tout de la réunification de la Bretagne que je veux vous parler. Non... en fait, je voudrais vous parler du chef d'orchestre. 
Celui de la photo, oui... celui que j'ai aperçu dans la foule des sonneurs, marquant la mesure du bras, indiquant à chacun sa partie.
Je me suis dit qu'il devait y en avoir des dizaines d'autres, des chefs d'orchestre comme celui-ci, dans ce bagad géant fait de la réunion d'une quantité de bagadoù locaux. Et que ce qui était extraordinaire, c'était qu'ils parvenaient tous, d'un bout à l'autre de cette immense manifestation qui n'en finissait pas de s'écouler, à battre la même mesure, à suivre la même mélodie.
Et que si nous pouvions avancer en ce monde, Bretons ou Angevins, Vendéens ou Parisiens, Français ou... qui vous voudrez...
...si, tous, jouant chacun notre partie, nous pouvions avancer en ce monde comme ces musiciens avançaient devant nous, sur le même air et la même mélodie, ce n'est pas seulement la Bretagne qui serait réunie, c'est toute l'humanité.
Et, finalement, la réunification de l'humanité, le grand bagad de la Terre musicienne, cela me plairait beaucoup, beaucoup plus que la réunification de la Bretagne.
 
Pour le son, c'est ici : link

 

Publié dans Nantes

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Un tigre dans la ville

Publié le par Carole

tigre.jpg
 
Un tigre dans la ville bondissant vers le soir,
attaché par la queue, un tigre sans pouvoir.
Sage et tenu en laisse, un tigre dérisoire.
 
Mais s'il se libérait, si dans la nuit qui vient
il s'élançait soudain sans qu'on n'en sache rien,
semant la peur la haine comme on fauche un chemin ?

 

Publié dans Fables

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J'ai-soif

Publié le par Carole

    "J'ai soif"... En prononçant ces simples mots, tout à l'heure, je me suis souvenue. Il y avait des années, des dizaines d'années, que je n'y avais plus pensé...
    J'ai-soif. C'est ainsi que nous appelions, lorsque j'étais enfant, dans mon petit village, le pitoyable ivrogne qui venait quelquefois cuver son vin sur la place de l'église, après […]
 
Suite du récit à lire sur mon blog de récits et nouvelles cheminderonde.wordpress.com

 

Publié dans Récits et nouvelles

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