Reflets dans un oeil bleu
Une vigne... et un artiste
- Jean-Claude Vincent - "Vigne toscane" - http://jc.vincent.over-blog.com/article-les-yeux-de-carole-chollet-buisson-comme-une-vigne-douce-105107566.html#.T7GDK-h1A_c
Comme une vigne douce aux mains du vigneron,
Comme un fruit grandissant sous le ciel de l’automne,
Comme un raisin portant tous les vins à venir,
Comme un rêve de lumière enfanté par la terre,
J’ai vu mûrir une œuvre.
Dans l’effort patient de l’homme
Etendant sur la feuille l’ombre et l’or de ses mines,
Lentement absorbant tous les sucs de la vie,
L’éclat des heures, la profondeur des souvenirs,
Elle a grandi, s’est éployée,
Est venue jusqu’à nous,
Grappe chargée de tout son poids de songes,
De deuil, d’amour et d’espérance.
Et c’était comme une promesse
Tenue comme une note pure,
Dans l’harmonie du monde,
Comme une parole donnée
Au soleil et aux hommes :
Le clair mystère de l’art
Transmuant la matière.
Amis de SCALP, j'ai voulu aujourd'hui vous présenter le travail d'un dessinateur de très grand talent, que beaucoup d'entre vous connaissent sans doute déjà : Jean-Claude Vincent.
Sa nouvelle oeuvre , "Vigne toscane", vient de paraître sur son blog, et c'est pour saluer cette parution que j'ai écrit "Comme une vigne douce", un poème où j'évoque non seulement l'oeuvre finalement proposée au public, mais aussi sa lente maturation - dont j'ai pu suivre chaque étape.
Je vous rappelle le lien : http://jc.vincent.over-blog.com/article-les-yeux-de-carole-chollet-buisson-comme-une-vigne-douce-105107566.html#.T7GDK-h1A_c
et je vous invite à découvrir chez Jean-Claude lui-même cette vigne, lentement mûrie par le crayon et la sensibilité d'un artiste précis et délicat, maître des ombres et des lumières, dont le réalisme étonnant sait faire naître le rêve.
Une dernière chose : Jean-Claude me fait bien trop de compliments dans son article, ne croyez pas tout ce qu'il dit de moi, mais pensez à admirer son chef-d'oeuvre, et à aller voir l'ensemble de son blog, qui est remarquable.
Narcisse
Un regard de Claude Cahun
Tant de regards si purs, si lointains et si drus, tant de regards voyants sont nés de profondes blessures. ______________________________ Pour prolonger : http://www.up.univ-nantes.fr/1330417191707/0/fiche___actualite/&RH=1228238620935 http://nantes-actu.info/content/claude-cahun-cette-grande-po%C3%A9tesse-de-louest http://www.jeudepaume.org/index.php?page=article&idArt=1397&lieu=1 http://carpewebem.fr/retrospective-claude-cahun-au-jeu-de-paume/
Un regard d'André Breton
Un oiseau dans la ville
Transparences
Mannequins
Un violoniste
Des longues, si longues conversations qu'il avait eues avec son double, le grand soliste invité sur toutes les scènes du monde. Des applaudissements inouïs qu'il avait reçus de ce public fabuleux qui l'avait acclamé, qui l'avait bissé, des milliers de fois, en toutes les langues du monde, devant son reflet ébloui. Et puis de l'échec au dernier concours. Du violon rangé dans son étui sur une étagère de l'armoire, derrière le miroir terni, avec les partitions du virtuose et les applaudissements du public de New York. Du travail sans honneur, sans bonheur dans la petite entreprise qui l'avait embauché comme comptable ou magasinier. Des années ternes. De la première fois où le vieux s'était approché, sans rien dire, dans la petite glace embuée de la salle de bain, avec son chapeau de feutre gris, sa barbe grise, sa peau grise, ses yeux gris, son fin sourire tout gris. De l'habitude qu'ils avaient prise peu à peu, tous les deux, de converser sans bruit, de parler de tout - d'avant, de l'échec, des jours gris. De la façon dont le vieux hochait toujours la tête, en le regardant de ses yeux de plus en plus pâles, de plus en plus fatigués. Des soucis. Des mots embarrassés qu'on avait eus pour lui faire comprendre qu'il n'avait plus le profil des emplois auxquels il postulait, avec ses cheveux grisonnants et ses poches sous les yeux. Du jour où l'argent avait tellement manqué qu'il s'était décidé. Il avait marché un moment rue de Verdun, avec le violon. Il avait remarqué, assis à la terrasse du "Pilori", le café de la petite place, au bout, le vieux qui avait l'air d'attendre, tout seul. Il lui avait fait un petit signe. Et puis, sans bien savoir pourquoi, il s'était installé là, tout près, devant la vitrine de "Chez Decré", il avait sorti le violon de l'étui, il avait placé une pièce de cinquante centimes qui avait brillé d'un éclat inattendu sur la suédine grise, et il avait commencé à jouer, tournant le dos à son reflet tellement plus grand que lui.