Un monde si pâle
On dit que les papillons et les libellules perdent peu à peu leurs couleurs, dans nos contrées qui se réchauffent. (link)
En regardant cette petite libellule qui s'était revêtue de bleu comme on se vêtirait d'éden, de ciel pur et d'eau fraîche, j'ai essayé d'imaginer les prés pâlis de l'avenir, recouverts de poussière et de cendres, peuplés d'ailes blanchâtres et d'insectes invisibles.
Il nous avait peint le monde en couleurs, le vieux peintre, et nous, nous l'avons laissé s'éteindre et s'effacer, comme une toile méprisée qu'on aurait oubliée trop longtemps derrière la vitre.
Peut-être qu'en effet nous avons depuis longtemps cessé de regarder le monde autrement que derrière la vitrine de nos boutiques et de nos écrans. Peut-être que nous l'avons oublié, derrière son verre trop sale, le chef-d'oeuvre sans âge, comme un objet de peu de prix dans un magasin démodé promis à la liquidation.