Une fresque
Dans l'église de Sainte-Mère, en Cotentin, un beau vitrail moderne commémore l'héroïsme des parachutistes de la nuit du 6 juin 44.
Je l'ai admiré distraitement, comme tous les touristes qui m'entouraient.
Quand je me suis retournée, j'ai vu grandir, sur les piliers nervurés, cette fresque ardente aux longs plis de nuit, semée de coeurs vivants et d'oiseaux de lumière, qui palpitait comme un drapeau hissant haut ses couleurs, et que personne ne semblait remarquer.
C'étaient, je crois, les vieux morts de la guerre qui repeignaient ainsi l'église, avec des pinceaux de soleil, des pastels d'harmonie et des crayons d'espérance, qu'ils trempaient de leurs larmes et lavaient de leur sang.