Trio nantais
Des mascarons rieurs et bons vivants, couronnés de fleurs et de grappes, en corne d'abondance et voiles de bon vent - et une mince vierge blanche bénissant les passants... Tout Nantes tient dans cette façade trinitaire de la place du Change : la fortune insolente des armateurs, l'élégante légèreté du XVIIIe siècle, la foi naïve des gens d'ici, joliment réunies dans le triangle pur d'un unisson parfait. Naïveté ? Hypocrisie ? Pour ma part j'y vois une forme de sagesse tranquille, une façon d'accorder, dans l'orchestre criard de nos âmes, ces notes trop tendues qui nous blessent.
Et puis j'aime tant le petit balcon, posé comme un nid tendre de fer ajouré, dans cette ville où tout est théâtre - le ravissant petit balcon, pour surplomber la rue, quand on descend du ciel.