Sur le quai
Un soir avec les autres sur le quai j'étais là j'attendais comme une autre.
J'ai pris cette photo car la ville est ainsi car le monde est ainsi.
Le cliché est un peu de guingois comme moi.
On n'y voit pas grand chose.
Juste que tous ces rêves
ces rêves qu'on nous vend
ne changent pas la vie des passagers du soir attendant sur le quai l'heure de rentrer chez eux.
Ces rêves qu'on nous vend
sont de grands sacs froissés où l'on fourre le butin du Secours populaire du Secours catholique.
Ces rêves qu'on nous vend
sont traînés dans la ville par des passants courbés encombrés de fatigue et de lourde existence.
Ces rêves qu'on nous vend
échouent comme les gens sur les quais sur les bancs dans la pénombre lasse.
J'ai pris cette photo j'avais froid ce soir-là et je ne rêvais pas. J'attendais sur le quai j'attendais sous la pluie j'attendais comme une autre et voilà c'est ainsi.
C'est ainsi qu'est le monde c'est ainsi qu'est la ville c'est ainsi que l'on vit avec ces rêves-là.
Ces rêves qu'on nous vend.