Sur le quai

Publié le par Carole

sur le quai-copie-1
 
Un soir avec les autres sur le quai j'étais là j'attendais comme une autre.
J'ai pris cette photo car la ville est ainsi car le monde est ainsi. 
Le cliché est un peu de guingois comme moi.
On n'y voit pas grand chose.
Juste que tous ces rêves
ces rêves qu'on nous vend
ne changent pas la vie des passagers du soir attendant sur le quai l'heure de rentrer chez eux. 
Ces rêves qu'on nous vend 
sont de grands sacs froissés où l'on fourre le butin du Secours populaire du Secours catholique.
Ces rêves qu'on nous vend
sont traînés dans la ville par des passants courbés encombrés de fatigue et de lourde existence.
Ces rêves qu'on nous vend
échouent comme les gens sur les quais sur les bancs dans la pénombre lasse.
 
J'ai pris cette photo j'avais froid ce soir-là et je ne rêvais pas. J'attendais sur le quai j'attendais sous la pluie j'attendais comme une autre et voilà c'est ainsi.
C'est ainsi qu'est le monde c'est ainsi qu'est la ville c'est ainsi que l'on vit avec ces rêves-là.
Ces rêves qu'on nous vend.

Publié dans Nantes

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G
Très forte ta photo, bravo
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N
Bonsoir Carole !<br /> Ces rêves en soldes, on nous les vend sans arrêt et pourquoi ?...<br /> Ton texte me donne à réfléchir !<br /> Bises, bonne soirée
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N
Serais-tu au rendez-vous de tous les rêves?
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M
Pourquoi nous contenter des rêves qu'on nous vend quand gratuitement nous pouvons élaborer les nôtres? Il est plus facile, je crois de nous laisser faire ou bien la vie nous écrase sous son poids,<br /> hélas... Merci Carole.
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V
Ah ! voilà ! La musique est bien de Léonard Bernstein ! Je croyais que c'était de "Marin Alsop" et que Bernstein n'était que le chef ; avec deezer tu n'es pas très bien renseigné. Et quand tu<br /> cherches le film sur internet impossible d'avoir le moindre renseignement sauf sur Wikipedia. Ouf. Heureusement qu'elle existe tout de même cette encyclopédie ; on en dira ce qu'on voudra les gens<br /> qui la renseignent font tout de même leur possible pour qu'elle soit fidèle et utile. Oui on reconnaît bien Bernstein, d'ailleurs j'ai déjà dû entendre cette musique dans le microsillon que j'avais<br /> de sa musique de film.
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C
<br /> <br /> Oui, c'est de Bernstein, il y a des passages qui rappellent un peu West Side Story, je trouve.<br /> <br /> <br /> <br />
V
Beau poème et belle photo... "Ces rêves qu'on nous vend", ce sont les jolis sacs de courses ? Merci aussi pour la musique de ce film que je ne connaissais pas (ni la musique, ni le film !)
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C
<br /> <br /> Un film d'Elia Kazan, avec Marlon Brando.<br /> <br /> <br /> <br />
L
On nous vend des rêves, du bonheur en toc, de l'illusoire, de "l'indispensable" pour qui s'y laisse prendre...et pendant ce temps les passagers du soir épuisés, fourbus, rentrent dans un chez soi<br /> sans feu..s'ils ont un chez soi!Sinon ils vont dans le dortoir d'un accueil social. Mais qui, à part ces Secours généreux et discrets, se soucie d'autrui?.. Qui s'attarde à parler des "rêves qu'on<br /> vous vend", à part toi, Carole, au regard aiguisé et humain.<br /> Lorraine
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J
Excuse-moi Carole, j'ai oublié de te dire que ta photo est belle dans sa simplicité, ton regard vif sur la misère, ton regard lumineux dans le flash de ton appareil...<br /> tout cela est beau<br /> Tes photos témoignent je souhaite que ton écriture te protège. Jacqueline.
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J
My Dream<br /> Ces rêves qu'on nous vend<br /> dans des grands sacs colorés<br /> sont des rêves artificiels<br /> sitôt possédés sitôt respirés<br /> il faut retourner acheter<br /> toujours plus toujours plus fort<br /> ces rêves qu'on nous vend et que nous achetons<br /> ne sont que du vent<br /> possession illusion<br /> oui nous sommes possédés<br /> par cette course folle paradis artificiel<br /> pendant que d'autres sur un banc<br /> ne possède rien<br /> juste le vital dans un sac coloré et froissé<br /> My Dream: soupe chaude et toit pour la nuit.<br /> Celui qui possède TOUT<br /> et qui ne voit plus celui qui possède RIEN<br /> il ne lui reste plus qu'à mettre par dessus sa tête<br /> ce rêve qu'on lui a vendu<br /> dans un grand sac coloré<br /> mettre le sac autour de sa tête<br /> bien le fermer<br /> respirer, respirer, respirer<br /> jusqu'à la dernière goutte d'espoir<br /> entrevoir l'extase d'un paradis artificiel<br /> et...expirer.<br /> <br /> (ceux qui me connaissent un peu savent que j'ai trouvé une autre parade pour voir mais croire encore à un renouveau...)<br /> <br /> Bonne journée Carole, hier j'ai pensé à toi en traversant Nantes.
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P
Tout cela nous ramène vite à l'idée d'emprisonnement : tous ces rêves et désirs qu'on nous impose/propose nous bercent, nous droguent puis nous endorment. Nous allons comme des petits robots,<br /> bercés de l'illusion d'être libres, gavés par des envies commerciales, bouffis par l'intérêt individuel, différents et pourtant quasi-identiques. Sauf que ... il y a les blogs ! Où la liberté, la<br /> créativité, l'esprit de jugement et le regard de certains s'expriment. Enfin une porte de sortie ! Merci de nous ouvrir la vôtre !
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C
Le rêve, malgré tout, d'un pâle soleil du soir...
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Z
l'un des moments les plus vrais....la sortie du travail, dans les transports, avant de reprendre un masque..
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C
<br /> <br /> Le matin aussi, très tôt, quand il fait encore nuit et qu'on est entassé... ça m'impressionne toujours.<br /> <br /> <br /> <br />
J
Bonjour l'oeil de Carole... Insolite, secours populaire dans un sac à rêve... pour tout bagage, merci !
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R
Avec vous, Carole, l'autre devient l'Autre ...<br /> <br /> Lévinas n'est pas loin !
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A
Comme j'aime beaucoup Souchon, tes textes m'y font souvent penser, et crois-moi, pour moi, c'est un compliment. Alors je pense à la chanson "Petit tas tombé" ou bien à cause de cette histoire de<br /> sac à "C'est déjà çà". Des textes percutants et humanistes comme les tiens...<br /> "Y'a un sac de plastique vert<br /> Au bout de mon bras<br /> Dans mon sac vert<br /> Il y a d'l'air<br /> C'est déjà ça<br /> Si loin des mes antilopes<br /> Je marche tout bas<br /> Marcher dans une ville d'Europe<br /> C'est déjà ça"
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A
C'est très beau "un soir avec les autres".<br /> Cela montre et c'est très rare, que pour toi, ces malheureuses personnes démunies vivent avec toi et non à côté.<br /> <br /> Et oui, quelle triste et cruelle ironie de les voir trimbaler leur misère dans des sacs de luxe...
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C
<br /> <br /> Les transports "en commun" offrent souvent ces expériences. A certaines heures et en certains lieux, on plonge dans "la vraie vie" - ou simplement l'envers du décor (ou des sacs de luxe). J'avais<br /> raconté cela aussi dans "Les ombres. Paroles de mendiants", et dans "Au bord de la route".<br /> <br /> <br /> <br />