Sous le pont
Il ne s'en doutait pas, ce passant qui consultait son Iphone, qu'il était menacé par un tank. Et pas seulement. Par un bombardier aussi. Et par un tsunami. Par ses paroles, et par ses silences. Par les papiers qu'il avait, et par ceux qu'il n'avait pas. Parce qu'il pensait jaune dans un monde trop noir, ou parce qu'il pensait noir dans un monde trop jaune.
Il ne s'en doutait pas, qu'il était anonyme, une vague silhouette dans une foule de silhouettes, un pictogramme dans un décor de pictogrammes.
Ou bien peut-être au contraire qu'il s'en doutait. Et que c'était pour cela qu'il ne regardait pas autour de lui. Et qu'il consultait ses messages. Et qu'il en envoyait. Obstinément.