Un Dimanche dans la ville
Sur le panneau où tant d'espoirs s'affichent, où tant de mots aguichent, le malicieux monsieur Dimanche (clic), celui qui écrit et dessine, inlassable, sur les murs de la ville, avait eu un moment le dernier mot :
"JE NE DIS JAMAIS RIEN."
Ne rien dire pour parler : voilà vraiment le comble du bavard. Mais un autre bavard était passé par là, recouvrant ce bon mot du Dimanche d'un petit Papillon, déjà trempé de pluie et fatigué de braire...
C'est toujours si curieux, si joyeux et si triste, au fond, ces panneaux d'"affichage libre", palimpsestes de nos rues, naïves vanités où chacun s'en vient dire son désir d'échapper au silence, avant de se taire aussitôt, bâillonné par l'affiche plus fraîche qu'un autre vient poser pour parler à son tour.
Je crois bien que le temps est un colleur d'affiches, un monsieur Dimanche en habit de tous les jours, qui marche dans la ville avec ses rouleaux de papier et son grand seau de colle, et travaille, inlassable, tandis que nous courons derrière lui, de spectacle évanoui en fête disparue.