Usure

Publié le par Carole

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    ... car à force d'aller dans le sens du vent, toujours au bon moment, toujours du bon côté, on s'use et on s'essouffle. Forcément. On a beau veiller au grain et retourner sa manche, il vient un soir où l'on ne vole plus aussi bien dans l'air du temps. On croit encore, au grand bal des girouettes, danser sous les tempêtes et s'enfler aux bourrasques, mais on ne tourne plus que sur soi-même, drapeau troué, haillon en berne. De suroît en noroît, de zéphyrs en soupirs, de concessions en désertions, lambeau après lambeau, comme la plume au vent, on y laisse ses ailes. Avant de retomber, ballon crevé, chiffon d'hier, dans le panier sans fond de l'éternel oubli.
 
    C'est curieux comme on vieillit plus vite, quand on a été trop longtemps dans le vent.

 

Publié dans Fables

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C
Pour vivre mieux vieux vivons caché ?
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L
Non seulement les drapeaux mais les hommes qui s'essoufflent à danser dans le sens du vent, usent corps et âme, sans y penser, croyant toujours "être" ceux qu'ils furent . Et devenant pour ceux qui<br /> les regardent, de pauvre pantins épuisés et ridicules, que l'on plaint ou dont on rit!<br /> <br /> Lorraine
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C
Je ne sais plus qui a dit qu'être dans le vent c'était l'idéal des feuilles mortes...<br /> Un très beau texte une fois de plus!
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C
<br /> <br /> J'aime beaucoup cette formule. Je ne la connaissais pas, merci, Cardamone !<br /> <br /> <br /> <br />
A
Il ne faut pas chercher à étre dans le vent, il faut, je crois, se laisser porter par lui,ne pas lui résister, accepter ses sautes d'humeur, ses instants de douceur et ses jours de tempête...
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M
Comme quoi, il faut savoir s'abriter, hiberner, se recueillir, faire son introspection!
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J
La vieillesse, dit-on est un lent naufrage. Pourtant Cervantès a écrit "Don Quichotte" à plus de 60 ans, Flaubert "Bouvart et Pécuchet" à 58. Quand on lit la fraîcheur intelligente de ton article,<br /> on se dit que le vent a surtout la fonction de mener plus loin.<br /> Jonas
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N
La manche à air qui suit l'air du temps, n'a plus qu'à faire la manche, tandis que la girouette, qui en donne la direction, a encore de beaux jours...
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G
pourtant être dans le vent c'est plutôt jeune
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M
Le vent change souvent de direction, le temps, non. Pas vrai?<br /> Le texte est très beau, très bien tourné: ça c'est vrai!
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F
aller tjs dans le sens c'est même fatiguant il faut parfois marcher plier, on reçoit toute la poussière dans les yeux le chemin de la vie est vraiment dur parfois
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D
Plaisir de lire qui n'est sans doute rien par rapport au plaisir d'écrire. J'aime beaucoup.
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E
et autant en emporte le vent... pareil pour ceux qui vont dans le sens de ou inverse... quel pessimisme, Carole, il y a aussi les cerfs qui volent ou encore les fabricants de manches qui rognent<br /> sur la qualité ou bien ou bien...
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A
Est-ce une bonne idée aussi de suivre le vent?<br /> S'efforcer d'aller contre le vent est certainement plus ardu mais le chemin est tellement plus joli...
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A
Pour ne pas avoir suivi le sens du vent et osé côtoyer le roi soleil, Icare s'est brûlé les ailes avant de sombrer dans la mer. Si l'on veut vieillir tranquillement, ne vaut-il pas mieux suivre sa<br /> propre route, celle que l'on connaît, et ainsi s'user lentement. Choix de vie... Icare a peut-être raison ?
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N
Bonjour carole,<br /> <br /> Ton court texte en dit beaucoup.<br /> <br /> C'est le temps d'une vie et il use vite.<br /> <br /> Bonne journée et à bientôt.
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Z
je ne sais plus comment dire que j'aime ce que tu écris...
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A
Eh oui, le vent ça déssèche la peau, étire les fibres ! Sourire du soir.
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J
Je souris à la dernière phrase, évitons alors, bon dimanche Carole....
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