Retour du bal
Cette photo est la dernière que j'ai prise du "Voyage à Nantes", qui vient de s'achever...
J'avais admiré - et bien sûr photographié - le grand tableau d'Alfred Roll, intiutlé "Retour du Bal", que le musée des Beaux-Arts avait confié aux galeries Lafayette, rue de Verdun. Dans la vitrine c'était si troublant de voir la rue, avec ses maisons, ses enseignes, ses passants et ses véhicules, se superposer, mobile, au tableau immobile, de voir une foule passer sur l'or du cadre, avancer dans la traîne de la robe de soie, marcher sur le bouquet de roses rapporté du bal, traverser le regard de l'élégante, de la belle pensive arrachée par le peintre, par la vitrine du grand magasin, à l'intimité de sa toilette du soir, à ses rêves de la nuit.
Dans mon dos j'entendais une jeune fille chanter - assez faux, car l'air est difficile, mais d'une jolie voix très claire - le célèbre "Alabama song" de Kurt Weill.
Et puis brusquement elle a cessé de chanter, et, simultanément, pour la première fois je l'ai vue, distinctement, dans la vitrine : elle était vêtue de rose, mais elle portait, elle, une robe courte et des chaussures de sport.
Elle avait posé au sol, au lieu de fleurs, ses quelques affaires, comme le font les mendiants, et manifestement elle faisait la quête. Pourtant... quand on fait la manche, d'habitude, on ne chante pas Kurt Weill, même revu par Jim Morrison... elle n'avait pas l'air misérable du tout du reste... plutôt l'allure d'une Lola d'aujourd'hui... oubliée dans la rue, au retour du bal ou d'un bar de Mahagonny, par on ne sait quel Michel parti plus loin chercher fortune. Etrange jeu de facettes où le Voyage à Nantes avait rejoint le Voyage de la vie, où la toile du peintre avait rencontré la vie de la rue, qui elle-même avait rejoint la vie factice de la scène et du cinéma... L'art était l'image du réel, et le réel était le miroir de l'art... rien n'était plus simple au fond, je le savais depuis longtemps. J'ai eu, pourtant, un moment de vertige.
Elle avait posé au sol, au lieu de fleurs, ses quelques affaires, comme le font les mendiants, et manifestement elle faisait la quête. Pourtant... quand on fait la manche, d'habitude, on ne chante pas Kurt Weill, même revu par Jim Morrison... elle n'avait pas l'air misérable du tout du reste... plutôt l'allure d'une Lola d'aujourd'hui... oubliée dans la rue, au retour du bal ou d'un bar de Mahagonny, par on ne sait quel Michel parti plus loin chercher fortune. Etrange jeu de facettes où le Voyage à Nantes avait rejoint le Voyage de la vie, où la toile du peintre avait rencontré la vie de la rue, qui elle-même avait rejoint la vie factice de la scène et du cinéma... L'art était l'image du réel, et le réel était le miroir de l'art... rien n'était plus simple au fond, je le savais depuis longtemps. J'ai eu, pourtant, un moment de vertige.